Bretagne Espaces scolaires

La maternelle à la carte

Notre Dame à Saint-Grégoire
Lucie Froz, enseignante
Envoyer un e-mail

À Saint-Grégoire, près de Rennes, deux enseignantes de petite section de maternelle de l’école Notre-Dame se sont associées pour mutualiser leurs salles et repenser leur pédagogie. Le matin, leurs cinquante-quatre élèves se déplacent librement entre quatre espaces dédiés à des apprentissages spécifiques.

Partageant les mêmes envies de se renouveler, deux enseignantes Lucie Froz et Anne Dousselin élaborent en septembre 2019 une pédagogie empruntant à Montessori, Freinet, Steiner et répondant à la pyramide des besoins établie dans les années 1940 par le psychologue américain Abraham Maslow.

Concrètement, l’enfant, en arrivant le matin, choisit son activité. Il peut la refaire autant de fois qu’il le souhaite ou en pratiquer une autre. Il déambule en autonomie dans les quatre salles du pôle, qui ont été entièrement réaménagées pour une circulation fluide. Les deux enseignantes, qui se sont réparties les spécialités (la démarche scientifique et mathématique pour Anne Dousselin, la graphie et la lecture pour Lucie Froz), passent de groupes en élèves solo pour réexpliquer une consigne, valider une compétence… Elles sont aidées par trois Atsem, qui gèrent les espaces motricité, jeux d’imitation et potager.
Si un enfant choisit plusieurs jours d’affilée la même activité, un rendez-vous lui est donné, qu’il trouve affiché le matin sous sa photo, pour aller travailler un domaine différent. Pour ce qui est du matériel, le binôme a fait le tri.

Les enfants ne font pas tous la même chose et beaucoup de propositions n’existent qu’en un seul exemplaire, ce qui crée une attractivité. Les différents ateliers sont mis en place progressivement dans les salles et complexifiés au fur et à mesure.

Dans cette nouvelle organisation, la place du corps et des émotions est également repensée. Les enfants peuvent aller se reposer dans le dortoir à n’importe quel moment de la journée, ou s’isoler avec leur doudou. Et le temps de sieste n’est pas minuté, ils se réveillent quand ils le souhaitent. Afin de garantir une stabilité émotionnelle à l’enfant, les groupes classes ont été conservés avec une maîtresse attitrée. Deux temps de regroupement par classe avec des apports sont ainsi effectués durant la matinée. Et les deux enseignantes s ’échangent leurs supports pédagogiques pour s’assurer que les cinquante-quatre élèves avancent de façon homogène dans leurs apprentissages. Du fonctionnement traditionnel, elles ont aussi gardé les projets, comme celui de faire classe dehors une semaine par saison. Les bénéfices pour les élèves sont là : autonomie plus importante, niveau sonore de la classe plus contenu, moins de frustration à gérer… et surtout des acquis solides.