Un pôle spécifique pour les élèves à BEP

Blanche-de-Castille, Nantes
Christophe Gautier
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Autre quartier, autre façon de faire au collège (778 jeunes) de centre-ville Blanche-de-Castille (adossé à une école, un lycée et un pôle post-bac), qui accueille des familles plutôt favorisées à très favorisées. Christophe Gautier, le chef d’établissement coordinateur, a fait le choix de créer un pôle spécifique pour accompagner les élèves à besoins éducatifs particuliers (BEP). Coordonné par une enseignante à mi-temps qui fait le lien entre thérapeutes et familles, il comprend trois assistants pédagogiques dédiés aux 142 collégiens et 40 lycéens à BEP de l’établissement. Ces éducateurs interviennent en plus des AESH dont bénéficient les jeunes qui ont une notification MDPH. Les élèves à BEP ont des profils disparates : dys (la moitié d’entre eux), HPI, HPE (Hauts potentiels intellectuel ou émotionnel)… S’ajoutent douze élèves déficients intellectuels regroupés dans un dispositif Ulis, dans lequel les trois éducateurs n’interviennent pas. Le rôle de ces assistants pédagogiques est varié. « Pour les 6es et 5es, on est dans la classe. On reformule les consignes si besoin ; on s’assure que le collégien part dans la bonne direction quand il y a un exercice. Lors des évaluations, on l’accompagne au pôle ressources BEP. Sur le temps méridien, on adapte le club lecture des 6es en leur lisant l’histoire et eux doivent la retracer en dessins. Pour les 4es et 3es, on assure des temps de remédiation et d’études dirigées au pôle », témoignent Jonathan Attard et Marie-Dauphine de Butler, assistants pédagogiques. Pour cela, ils s’appuient sur une série d’outils : vélo-bureau pour les enfants qui bougent en travaillant, chambres à air tendues entre les pieds de table pour que ceux qui ont besoin de marquer un rythme le fassent sans bruit, timer qui indique le temps qui reste plutôt que le temps qui passe, scanner déroulant permettant aux dysgraphiques de prendre en photo leurs cours pour éviter le stress de la prise de note… Le collège a aussi pris un abonnement à la bibliothèque numérique Sondo, qui propose des livres audio au programme pour les élèves à BEP.

Une contribution des parents

Situé au deuxième étage du collège, près d’un axe de passage des enseignants afin de fluidifier la communication, le pôle comprend le bureau de la coordinatrice, une vaste salle avec tables et chaises pour les élèves qui viennent travailler, mais aussi des poufs, et plusieurs tableaux accrochés au mur… L’équipe a une heure de concertation par semaine. Une à deux fois par an, des soirées sont organisées pour que les familles d’élèves à BEP échangent entre elles. Cet investissement, essentiellement en ressources humaines, coûte 200 000 euros chaque année au collège. « Nous le finançons grâce à une contribution spéciale de 7 euros par mois demandée aux familles qui le peuvent. Nous leur avons expliqué par courrier à quoi servirait ce don et sur les 1 400 familles du 2d degré, environ 1 200 donnent », précise Christophe Gautier.

« Avoir ce dispositif, c’est signifier que l’établissement fait une place à ces élèves, les reconnaît », estime Nathalie Berthouloux, coordinatrice du pôle BEP. Elle apprécie de travailler auprès de ces jeunes « qui bossent souvent plus que la moyenne et de façon créative pour compenser leurs difficultés et arriver au même niveau que les autres ». Selon Julie, une élève dyslexique de 5e, ce pôle est une vraie aide. « J’ai toujours eu peur de me tromper, ici j’apprends à me faire confiance. » Très sollicité par de nouvelles familles, le chef d’établissement ne prend que les élèves diagnostiqués par un professionnel et n’inscrit pas de jeunes ayant de gros soucis comportementaux, avec des crises de violence, par exemple. L’établissement, qui affiche de fortes ambitions pour ses collégiens, tient à garder la même exigence avec ceux à BEP : les jeunes d’Ulis sont le plus possible en inclusion et les 142 autres élèves sont tous répartis dans les classes. « S’ils n’ont pas leurs outils de travail, ils peuvent être sanctionnés comme les autres », insiste Christophe Gautier, lui-même HPI et dyslexique.