« L’autisme est une cause à défendre »

Collège Bobée à Yvetot (76)
Olivier Chaput, chef d'établissement
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Une douzaine de collégiens de Bobée, à Yvetot (76), sont devenus « Jeunes ambassadeurs autisme ». Initié par la direction diocésaine de Rouen depuis trois ans et déployé dans six établissements, ce dispositif vise à sensibiliser aux troubles du spectre autistique et promeut l’ouverture à la différence.

Si des collégiens se moquent ou embêtent des élèves porteurs de TSA [Troubles du spectre autistique, ndlr], nous prévenons les adultes ! », lance Léonard, en 5e. « Et nous allons organiser des actions dans le collège pour lutter contre les préjugés à leur égard », complète Jules, en 5e lui aussi. Tous deux font partie des treize élèves, de la 6e à la 3e,
du collège Bobée d’Yvetot (76) à s’être portés volontaires pour devenir Jeune ambassadeur autisme (JAA), reconnaissables à leur foulard bleu, couleur qui symbolise l’autisme. Leur rôle : sensibiliser leurs camarades pour offrir un cadre bienveillant à la vingtaine de porteurs de TSA de cet établissement de mille élèves. Lancé en 2022 par la direction diocésaine de Rouen, ce dispositif permet de mettre en œuvre les idées développées par le comité de pilotage Autisme, créé en 2017. « Nos tables rondes, organisées chaque année en novembre en présence notamment de Joseph Schovanec, autiste et militant pour le droit à la dignité des personnes différentes, touchent surtout les personnes concernées, peu les élèves et les personnels. D’où la création des JAA pour déployer des actions sur le terrain », explique Sylvie Vanhonsebrouck, chargée de mission au service École inclusive de la direction diocésaine de Rouen. Le collège Bobée compte parmi les six établissements du diocèse – avec leurs 90 JAA – à être entrés dans la démarche. Chaque début d’année scolaire, tous bénéficient d’une séance d’information par le CRA (Centre Ressources Autisme) Normandie Seine-Eure.

Forces et fragilités

« J’ai appris que les autistes sont sensibles au bruit, à la lumière, aux matières et qu’ils n’aiment pas qu’on chamboule leur emploi du temps », se souvient Balthazar, en 5e. En complément, les tables rondes « Forces et Fragilités », programmées par la direction diocésaine et un établissement à tour de rôle, sont l’occasion d’interroger des adultes eux-mêmes concernés par les TSA. « J’ai découvert que des entreprises comme Andros proposent des aides pour les travailleurs autistes », pointe Luc, en 5e. Au-delà de ces événements, les ambassadeurs se retrouvent tous les quinze jours pendant la pause méridienne, accompagnés par Céline Plaissy de Milliano, assistante d’éducation et référente des JAA, pour travailler à leurs actions. « Au mois d’avril prochain, pendant la semaine de l’autisme, nous avons prévu une exposition et une journée où tous les élèves seront invités à s’habiller en bleu », indique Lucie, en 6e. Un déjeuner pour rencontrer les porteurs de TSA qui le souhaitent est également prévu. « Il faut faire preuve de tact, ne pas stigmatiser ces jeunes, tout en permettant aux ambassadeurs de se faire connaître auprès d’eux et de tisser des liens », souligne la référente. Pour inclure les personnels dans la démarche et les doter d’outils, tous bénéficieront d’une formation avec Joseph Schovanec et Jean-Philippe Piat, auteur du Guide de survie de la personne autiste, organisée dans le cadre du réseau des établissements catholiques du pays de Caux.
« Ce qu’on apprend avec les JAA nous servira dans la vie en général : si on voit quelqu’un en difficulté, il ne faut pas le juger, mais aller vers lui », observe Augustin, en 5e. C’est précisément l’état d’esprit que cherche à cultiver Olivier Chaput, le directeur : « Nous souhaitons former des citoyens éclairés pour permettre à chacun de trouver sa place .» Le sillon est tracé