Enfants

Projet attractif, gain d’effectif

École Notre-Dame-des-Oliviers, Murat (15)
Anne-Laure ALINC, chef d’établissement
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Enfants
© NOTRE-DAME-DES-OLIVIERS/MURAT

Il y a huit ans, la vie de l’école Notre-Dame-des-Oliviers, à Murat (15), ne tenait plus qu’à un fil. À l’écoute des besoins des familles, la directrice et son équipe ont attiré de nouveaux élèves. Récit d’un sauvetage réussi.

Située à Murat, petite cité médiévale nichée dans les Monts du Cantal, l’école Notre-Dame-des-Oliviers, revient de loin ! En 2007, alors qu’Anne-Laure Alinc arrive dans l’établissement pour y enseigner, les classes ne comptent pas plus de quinze enfants et l’une d’elles vient de fermer. La baisse du nombre d’élèves a un effet boule de neige. Les familles se plaignent du manque de dynamisme de l’école. Il est urgent de redresser la barre. Des voyages scolaires sont alors organisés et des projets lancés. Néanmoins, en 2012, Anne-Laure Alinc, devenue directrice, doit redoubler d’ingéniosité. Le nombre d’enfants a certes augmenté pour s’établir à soixante-dix mais la menace de fermeture, si les effectifs ne progressent pas plus, devient plus sérieuse que jamais.

La décision est alors prise d’accueillir des enfants à besoins éducatifs particuliers (spectre autistique, dyspraxie, dyslexie ou encore troubles du comportement et de l’attention). Un choix qui répond à un vrai besoin local. Rapidement, de nombreux parents concernés prennent contact avec une équipe très attentive. « Nous n’avons refusé aucun élève. Nous avons toujours dit aux parents : “Nous allons essayer”, même pour un enfant autiste qui avait des problèmes moteurs », indique Anne-Laure Alinc. L’école s’enrichit aussi de personnels compétents. Une enseignante maître E est recrutée. L’équipe s’entoure de psychologues, de psychomotriciens, d’éducateurs spécialisés et d’AVS (Auxiliaires de vie scolaire).

Le choix de la pédagogie différenciée

L’ouverture à d’autres profils d’enfants a changé la donne. D’une part, cette politique d’inclusion a permis à l’école de scolariser plus d’élèves et d’autre part, elle a amené l’équipe à faire évoluer son approche pédagogique. Tous les enseignants se sont formés à la pédagogie différenciée, qui ne met jamais les enfants en échec puisque chaque tâche est calibrée pour qu’ils soient en mesure de la réussir. Dans les classes (qui comptent aujourd’hui entre vingt et vingt-six élèves), le travail est possible grâce aux AVS. « Il m’arrive d’avoir quatre groupes de mathématiques différents (sur deux niveaux, CM1 et CM2) qui fonctionnent en même temps. Ce travail me permet d’identifier les obstacles que chaque enfant doit encore franchir », précise Anne-Laure Alinc.

En 2016, un poste de réussite éducative est créé à mi-temps. « Nous avons recruté une ancienne directrice d’école en fin de carrière et c’est une mine d’or », assure Anne-Laure Alinc. En fait, rien n’aurait pu se faire sans cette dream team composée de quatre enseignantes et des AVS. « Nous sommes plus que des collègues. Un lien de confiance nous unit », affirme la directrice. Pour rien au monde, pendant le premier confinement, les enseignantes n’auraient loupé le moment où, après avoir fait des photocopies pour leurs élèves et avant de les déposer aux domiciles des parents, elles s’octroyaient un moment pour prendre le café, à distance, mais ensemble. L’école de Murat est bien vivante. L’équipe se démène pour redonner des couleurs au bâtiment en repeignant les salles de classes durant les vacances scolaires. Des jeunes viennent aussi y faire leur service civique. Ils jouent un rôle clé durant les récréations en proposant de nouveaux jeux aux enfants et en les aidant à régler en douceur leurs différends. Cela permet de préserver une bonne ambiance dans l’école, d’éviter que des clans ne se forment et d’empêcher toute forme de harcèlement. L’établissement s’est aussi lancé dans un projet d’Éco- École. « Les collègues de Saint- André de Massiac nous ont mis le pied à l’étrier pour ce programme d’éducation à l’environnement », se souvient Anne-Laure Alinc. Notre-Dame-des-Oliviers a été éco- labellisée, ce qui signifie qu’au-delà d’un simple travail de sensibilisation des enfants à l’écologie, des actions concrètes d’amélioration y sont conduites. Chaque année, un nouveau thème est choisi par le comité de pilotage composé de parents, des éco-délégués de chaque classe, de représentants de l’Ogec et d’associations locales. Cette année, c’est l’eau. Des visites à la station de traitement sont prévues et un projet d’économie d’eau va être réalisé d’ici la fin de l’année. L’établissement disposant déjà de réservoirs d’eau de pluie pour arroser le jardin, l’économie est cherchée du côté des chasses d’eau.

Bio et circuits courts

« L’éco-label nous donne une coloration particulière. L’an dernier, nous avons travaillé sur l’alimentation, le bio et les circuits d’approvisionnement. Nous avons beaucoup échangé avec notre cuisinier qui s’est fourni davantage auprès des producteurs locaux. Nous avons aussi incité les parents à réaliser eux-mêmes les gâteaux plutôt qu’à les acheter. Ils ont été très intéressés par la démarche et ont beaucoup participé », explique Laurence Lacroix, l’enseignante chargée du projet Éco- École. Le maire de la ville, Gilles Chabrier, est présent lui aussi au comité de pilotage du projet de développement durable. Des liens forts se sont établis entre l’équipe et cet ancien élève de Notre-Dame-des-Oliviers. « Il nous soutient et je communique beaucoup avec lui », indique Anne-Laure Alinc. Et lorsqu’en mai dernier, l’équipe n’a pas souhaité rouvrir la maternelle trop vite, afin de prendre le temps de mettre en place un protocole sanitaire adapté, « il nous a fait confiance et nous a confortées dans notre décision ». Un appui essentiel en cette période troublée. Le combat pour maintenir l’école ouverte a duré plusieurs années et l’équipe sait qu’il ne faut pas baisser la garde. « En juin dernier, il y avait 106 élèves. Cela a été notre maximum. Dix-sept élèves de CM2 sont partis au collège et une famille avec cinq enfants scolarisés chez nous a déménagé. Depuis la rentrée, il y en a quatre- vingt-dix mais heureusement, nous sommes à l’équilibre », fait remarquer Anne-Laure Alinc. De quoi travailler sereinement…

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