Prévenir le décrochage
Direction diocésaine du Havre (76)
Jean-Luc Delatre - Hélène Taberlet
Envoyer un e-mail
Échanger dans une ambiance conviviale autour de la présentation d’une pépite, l’un de ces projets menés en établissement. C’est l’objectif des nouveaux rendez-vous que proposent le Laboratoire national des initiatives et l’École des cadres missionnés, à l’Espace Montalembert de Montrouge (92). Le 15 janvier 2019, une première soirée y a valorisé une initiative de raccrochage conduite au Havre.
Montalembert à Montrouge, s’est tenue la première soirée du cycle d’échanges et de découverte autour d’initiatives éducatives et pédagogiques lancé par le Laboratoire national des initiatives et l’École des cadres missionnés. Le principe ? Permettre à toute personne portée sur les questions d’éducation d’échanger dans une ambiance conviviale autour de la présentation d’une initiative. Thème de cette première soirée ? La lutte contre le décrochage scolaire.
Deux enseignants et Sylvain Pezier, chef d’établissement du Lycée havrais Jeanne-d’Arc (site Coty), sont venus présenter le dispositif Les chemins de traverse, qui s’adresse à la fois aux élèves en situation de pré-décrochage et à ceux qui le sont déjà. Parmi l’auditoire une quarantaine de stagiaires en formation à l’ECM (cadres de direction, chefs d’établissement…) ainsi que quelques autres acteurs éducatifs ou enseignants intéressés par le sujet, ces rencontres étant ouvertes à tous.
Sylvain Pezier a d’abord expliqué comment il avait pensé ce dispositif « qui visait d’abord les élèves perturbateurs », après « avoir fait le constat que des élèves n’étaient pas accompagnés à la juste mesure de leurs besoins dans la classe ». « J’ai sélectionné deux enseignants, une femme et un homme, et leur ai confié 4,5 heures chacun pour animer ce dispositif ». Le reste du temps, les deux enseignants effectuaient leur temps de service habituel.
Essaimage en bassin
Guidés par les relances d’Yves Mariani, coordinateur du Laboratoire des initiatives, le chef d’établissement a montré comment, à partir d’un diagnostic local et d’une solution pensée à l’échelle du lycée, il a étendu le dispositif aux autres établissements du bassin qui partageaient les mêmes besoins. Aujourd’hui, le dispositif fête sa 5e année d’existence et a pris de l’ampleur : augmentation du volume d’heures, intégration de trois nouveaux personnels (2 enseignants et 1 éducateur) et accueil d’élèves extérieurs à l’établissement. Les jeunes sont reçus une à deux fois par semaine, écoutés, et accompagnés dans leurs projets de formation, via notamment un réseau de partenaires qui leur permet d’effectuer des stages.
Questionné par les participants, Jean-Luc Delatre, enseignant de mathématiques et coordinateur du dispositif, est entré dans le détail. « On reçoit les élèves ciblés par le chef d’établissement ou le CPE pour un entretien qui vise à comprendre ses difficultés. Notre but c’est d’essayer de redonner du sens à l’action du jeune, notamment en le remettant en projet sur le plan professionnel. »
Hélène Taberlet, enseignante d’histoire-géo, qui anime avec lui le dispositif, a expliqué comment « très vite, le travail en binôme est apparu nécessaire ainsi que l’adhésion des familles ». Le jeune ne rencontre à aucun moment le chef d’établissement, il est directement accueilli par l’un des enseignants qui ne reçoit pas de formation spécifique mais est invité à un « changement de posture » et à une relation « d’adultes à jeunes et non plus d’enseignants à élèves ». L’observation de structures de prévention du décrochage à permis aux encadrants de se familiariser à cette pratique et à ce déplacement.
Le lieu a aussi son importance : exit la salle de classe qui rappelle le cadre scolaire. Il s’agit d’un bureau inoccupé aménagé avec une table basse, un divan, des fauteuils et une cafetière.
Interrogé par Yves Mariani sur la façon dont il a fallu requestionner le dispositif, au fil des ans, l’équipe a ainsi expliqué comment elle avait finalement abandonné le premier lieu d’accueil pour un espace plus isolé du bâtiment scolaire, avec entrée autonome, plus engageant pour une jeune souffrant de phobie scolaire.
Sans limite dans le temps, cet accompagnement qui dure en moyenne un trimestre est jugé terminé quand le jeune a repris la voie d’une formation dans l’établissement ou dans un autre.