Parler du bonheur en classe

Parler du bonheur en classe

Collège Joseph-Collard, Saint-Héand (42)
Véronique Collin, adjointe de direction et animatrice en pastorale scolaire
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Au collège Joseph-Collard, à Saint-Héand (42), les collégiens suivent un cours d’éthique avec l’adjointe en pastorale scolaire. Apprécié des élèves et des familles, cet enseignement obligatoire s’inscrit pleinement dans le projet de construction de la personne de l’enseignement catholique.

Depuis la rentrée, un cours sans cahier et sans notes est suivi par les élèves du collège Joseph-Collard de Saint-Héand (42), en périphérie de Saint-Étienne. Avec Véronique Collin, adjointe de direction chargée de la pastorale, les jeunes y abordent les notions de liberté, d’ouverture à la différence ou de recherche du bien commun, à raison d’une heure tous les quinze jours. « Inspirée d’une formation du ministère de l’Éducation québécois à la compréhension des multiples expressions et traditions religieuses, notre démarche fait découvrir à nos élèves les valeurs chrétiennes qui animent notre établissement », précise l’adjointe. Présenté aux familles lors des rendez-vous d’inscription, cet enseignement est obligatoire en 6e et en 3e – les classes d’entrée et de sortie du collège (douze divisions sur un total de vingt-six), un choix assumé par l’équipe.

Travailler l’écoute

« Dans un contexte de crise où les pratiques de transmission sont bousculées, il nous faut nous réinventer ! L’objectif de ce cours est de rendre accessible la raison d’être de notre projet et sa conception de la personne issue de la tradition chrétienne et des principes éducatifs qui s’adressent à tous », souligne Stéphane Madi, le chef d’établissement, qui y voit un élément fort de sa mission pastorale. Le choix de parler « d’éthique » souligne la priorité donnée à l’examen par les élèves des valeurs et normes qui sous-tendent les conduites humaines, tout en développant leur sens critique, leur capacité de dialogue et d’engagement. Qu’est-ce que le beau, le bon, le bien ? Ici, pas de « vérité » imposée mais un appel au questionnement intérieur et une mise en commun de tous les points de vue pour être et faire ensemble.

Concrètement, le cours de 6e, qui s’appuie sur divers supports (peinture, film, musique, témoignages ainsi que des « petites paraboles contemporaines »), porte sur l’expression des émotions, l’importance de parler de soi, de confronter ses points de vue avec des mots justes. « Ils arrivent au collège avec une telle carapace, parfois convaincus qu’il faut être fort pour être accepté ! On s’efforce de travailler l’écoute et le respect pour que chacun puisse grandir tel qu’il est – unique ! », pointe Véronique Collin.

Apprendre sur soi et sur l’autre

En classe de 3e, le programme travaille «sur l’être en devenir qu’ils sont» et aborde les questions de la liberté et du choix. Depuis janvier, les élèves approfondissent la notion de bonheur, engagés dans la réalisation d’un film à partir du recueil de la parole des 6es sur le sujet, en attendant la création de « mini-comités éthiques » sur d’autres thèmes – en lien par exemple avec les sciences de la vie et de la Terre. « Ce cours n’est pas du tout habituel, observe Léandre, en 6e. Ici, on apprend beaucoup sur les autres et sur soi sans avoir peur du jugement. » Même enthousiasme chez Victoire, aussi en 6e : « Ce qui me motive, c’est que notre parole est respectée et que l’on peut être nous-mêmes au milieu des autres ! » Sacha, en 3e, confirme : « On peut s’exprimer sur ce qui nous pose question et touche parfois à des choses intimes. Cela libère et apaise. » Porté par l’équipe, ce nouvel enseignement n’a pas dérouté les parents. « Cette ouverture sur une dimension autre que scolaire fait partie des petits plus qui nous confortent dans notre choix d’établissement, indique Marion Callet, mère de deux collégiens. Dans un système scolaire où tout est souvent jugé juste ou faux, cette parenthèse les valorise et développe une grande confiance en eux. » Quoi de plus précieux que ces graines semées ?