Orientation à tous les étages
La Salle – Démotz, à Rumilly (74)
Marie-Véronique Reynes, chef d’établissement
Envoyer un e-mail
L’ensemble scolaire Démotz, à Rumilly (74), propose à ses élèves, dès la 6e, un parcours Avenir qui leur fait découvrir les métiers. Il s’appuie sur les liens riches noués avec les entreprises grâce à sa classe de 3e prépa-métiers et son lycée professionnel.
Ce matin-là, les 6es B du collège Démotz, à Rumilly (74) ont voyagé en Zétonie, ce pays imaginé par la plateforme d’aide à l’orientation Olecio pour aider les jeunes à se projeter vers l’avenir. Les élèves y réalisent une sorte de jeu de piste virtuel, à travers les secteurs d’activité, et découvrent ainsi des métiers parfois inattendus : dessinatrice en bâtiment, maréchal-ferrant, pilote de ligne, mégissier… Sur leur tablette défilent des témoignages, des mini-documentaires sur l’avenir de l’aquaculture, la physique quantique ou les mille et une façons de faire du design. D’autres élèves testent une nouvelle application de réalité augmentée qui permet, en scannant des objets du quotidien, d’accéder aux fiches-métiers des professions qui ont contribué à leur fabrication… Le tout sous l’œil enthousiaste de leur enseignante d’histoire et professeure principale, Christelle Chameau-Cottin, qui travaille depuis l’an dernier avec Olecio, en alternance avec le logiciel de connaissance de soi Kledou : « En tant qu’enseignante spécialisée d’un bassin de sept établissements, je suis souvent mise au défi de l’orientation pour la trentaine d’élèves à besoins éducatifs particuliers que je suis… Les outils développés par Olecio, très faciles d’appropriation, proposent une approche ludique et très concrète qui ouvre un large champ de possibles. »
Embauchés après le bac
Si l’initiation aux métiers dès la 6e est toute récente, les élèves de 4e et de 3e bénéficient, depuis longtemps et tous les deux ans, d’un forum des métiers d’une cinquantaine de stands. Car cet ensemble scolaire de 1 200 élèves, du CM2 au BTS, cultive la fibre de l’orientation. Il faut dire que sa 3e prépa-métiers et ses filières professionnelles entretiennent des liens particulièrement nourris avec le monde de l’entreprise (cf. encadré). L’an dernier, Démotz a même ouvert une UFA qui propose un BTS NDRC (Négociation et digitalisation de la relation client) en alternance à ses bacheliers Métiers du commerce et de la vente. « Pour signifier l’importance que j’accorde à leur projet, j’interviens en personne auprès de tous les lycéens pour une séquence un petit peu solennelle sur le savoir-être professionnel, la posture, l’écoute, l’expression… », explique Marie-Véronique Reynes, la cheffe d’établissement. Pour un résultat positif puisque si un tiers de nos bacheliers professionnels ne continuent pas leurs études après le bac, c’est parce qu’ils ont un contrat d’embauche ! » Le lycée propose en effet un parcours Avenir particulièrement étoffé. Toutes les six semaines, les élèves y consacrent une demi-journée ou une journée banalisée. L’établissement, labellisé numérique, a conçu lui-même un portfolio dématérialisé où les jeunes consignent leurs découvertes, rencontres et l’évolution de leur projet.
La proximité de Démotz avec le secteur informatique lui a même inspiré une série de visioconférences avec des professionnels du secteur numérique : développeur, équipementier, entreprises qui travaillent sur les data ou avec l’IA.
À titre d’exemple, le portfolio des classes de 2de s’est enrichi cette année d’une matinée post-bac animée par quatre-vingt-dix anciens élèves, d’une présentation des spécialités réalisée par des élèves de Tle ou encore de visites de salons et d’universités. L’année débute par un travail de discernement des élèves sur leurs points forts et leurs appétences et se clôture par un stage que le ministère de l’Éducation vient de rendre obligatoire pour tous les établissements (cf. p. 21). Seul changement pour Démotz : la durée du stage passe d’une à deux semaines.
Famille de métiers
Tous les enseignants semblent convaincus de l’importance de l’aide à l’orientation et s’y investissent, chacun à son niveau. Ainsi, Sophie Del Gatto, enseignante de mathématiques et de la spécialité NSI (Numérique et Sciences informatiques), sensibilise aux stéréotypes de genre associés aux métiers par un atelier méridien de débat et un projet Erasmus+ sur la place des femmes dans l’histoire des sciences. Pour Caroline Bartiaux, enseignante de français, « le plus délicat est d’amener des élèves, un peu fragiles scolairement mais focalisés sur un métier assez ambitieux, à élaborer un plan B ; mais aussi d’accompagner ceux qui n’ont absolument aucune idée ni envie ». Pour ce faire, les enseignants ont appris à raisonner, comme en lycée pro, en termes de familles de métiers et travaillent davantage avec les universités, « qui intègrent enfin les nouvelles spécialités dans leur communication et leurs propositions de remise à niveau », salue Caroline Bartiaux.
Pendant ce temps, la classe de 2de de Dolores Latosinski, enseignante d’histoire-géographie, vit un nouveau temps d’aide à l’orientation qui prend une modalité particulière : il s’agit de participer au groupe de
bêta-testeurs de la nouvelle plateforme Avenir(s) de l’Onisep. Les élèves du club de programmation, qui se destinent à suivre l’an prochain la spécialité NSI, prennent ce rôle particulièrement au sérieux, consignant consciencieusement les bugs mais rédigeant aussi un retour critique de leur expérience utilisateur globale. Car pour l’enseignante, « l’accompagnement à l’orientation passe aussi le plus possible par des mises en situation professionnelle et la responsabilisation : il s’agit de leur faire comprendre qu’ils sont les premiers acteurs de leur vie ». À Démotz, la classe de 2de pro, lauréate régionale du concours Entreprendre pour apprendre pour la création d’une gourde phosphorescente aura sans doute reçu le message !