Elèves

Miser sur la diversité

Collège Fénelon, à Dunkerque (59)
Revel, chef d’établissement
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À Dunkerque, le collège Fénelon s’apprête à réécrire son projet d’établissement à la lumière de la diversité des publics qu’il accueille. Une démarche qui s’ accompagne de l’envie d’associer davantage les familles à la vie de l’établissement.

Situé à l’entrée du quartier des Glacis, cité HLM dunkerquoise, le collège Fénelon accueille à la fois des familles de milieux populaires et de milieux aisés – cadres industriels ou hospitaliers, historiquement attachés à cet établissement fondé en 1904 par la congrégation des Sœurs de la Providence. Mais sous l’effet de l’érosion de la population dunkerquoise, ses effectifs n’ont cessé de diminuer ces dernières décennies et peinent à atteindre 400 élèves (contre 600 avant). Cela, malgré un taux de mentions très bien au brevet supérieur à 50 %. L’établissement subit de fait la comparaison avec le collège-lycée Notre-Dame-des-Dunes, autre établissement catholique dunkerquois, à la réputation d’excellence.

C’est pourquoi Agnès Revel, dès son arrivée en 2016 à la tête de l’établissement, a entamé une réflexion sur ce qui fonde l’identité du collège, dans le cadre des Rendez-vous de la Fraternité. « Il était hors de question d’entrer en concurrence avec Notre-Dame-des-Dunes, mais au contraire de vivre pleinement notre différence, pour apporter de la complémentarité à l’offre scolaire », souligne le chef d’établissement. Membre de l’Observatoire national de pédagogie du Sgec, Agnès Revel sollicite la formatrice Christiane Durand pour animer ces journées : « Nous avons travaillé sur ce qui se vivait de beau dans l’établissement. L’accueil de tous et la mixité sociale ont tout de suite émergé comme une source d’enrichissement. De là est née l’idée de retravailler notre projet pédagogique sous cet angle, pour en faire un atout », explique-t-elle. La réflexion s’est poursuivie avec l’intervention dans le collège, en juin 2017, de Sylvie Da Costa, chercheur missionné par le Sgec sur les mixités, qui a fait travailler parents, élèves et enseignants du primaire (l’école catholique voisine Nicolas-Barré a été associée à la démarche, ndlr) et du collège par petits groupes mélangés. « C’est précisément pour sa mixité sociale, avec des enfants et des familles qui viennent d’univers variés, que j’apprécie ce collège, témoigne Delphine Nave, professeur de lettres. Mes enfants, scolarisés ici, sont du même avis. Ils sont très attachés à l’ambiance de tolérance et d’ouverture qui y règne. » Julie, déléguée en classe de 3e, abonde : « Il n’y a pas de jugement malgré les différences. » Pour les familles en difficulté, des aménagements financiers sont mis en place et des suivis peuvent être proposés. « Pour une maman qui élève seule ses enfants et dont l’un souffre d’un syndrome autistique, nous travaillons avec la maison de quartier pour adapter les conditions d’accueil de son enfant au collège », ajoute Isabelle Atmeare, la conseillère principale d’éducation.

Bricolage et cuisine avec les parents

Avant même que cette spécificité ne soit soulignée, des initiatives témoignaient de cette volonté de valoriser chacun dans sa différence. Ainsi en est-il, par exemple, d’un projet autour du handisport, tout juste primé (voir encadré), ou d’un autre, récompensé par le groupement d’associations Entreprendre pour apprendre, portant aussi sur le handicap.

Autre facteur de cohésion : les ateliers animés bénévolement par les enseignants sur le temps du déjeuner (théâtre, improvisation, jeux de société, bridge, chorale, orchestre, compostage…), mélangeant les élèves de la 6e à la 3e. Depuis le mois de janvier, un système de tutorat a en outre vu le jour : « Je l’appelle “l’action des Grands frères”. Les élèves de 3e prennent par la main les 6es en difficulté d’intégration. Ils les aident au niveau scolaire si besoin. Cela marche très bien ! », souligne Isabelle Atmeare.

D’autres projets sont directement issus des Rendez-vous de la fraternité. L’un d’entre eux porte sur la création d’une semaine « sans murs ni cartable ». « L’objectif est d’impliquer davantage les familles, en proposant des activités dans ou hors de l’établissement, mais autour de compétences du quotidien : bricolage, cuisine, observation de la nature… Ces activités seront ensuite rattachées aux enseignements », indique Agnès Revel. Professeur documentaliste, Sophie Weisbecker, qui fait partie de la commission œuvrant à ce projet, aux côtés d’élèves et de parents, est enthousiaste. « Ils ont plein d’idées ! Proposer des activités moins scolaires est l’occasion de se découvrir autrement. Si les parents entrent davantage dans l’établissement, sont plus à l’aise, cela aura un impact positif sur les élèves. »

Une autre commission est chargée de la création d’un foyer pour les élèves. « Nous nous sommes interrogés sur ce qui pouvait améliorer la vie sociale au sein du collège, d’où l’idée du foyer », indique Julie, qui fait partie de cette commission. Enfin, un troisième projet vise à développer les liens avec les familles, sur le thème d’apprendre à apprendre. « Il s’agit d’inscrire l’établissement dans son quartier, en travaillant avec le réseau associatif et la municipalité, autour du périscolaire notamment », explique Agnès Revel. Isabelle Atmeare souhaite ainsi proposer une sorte de café des parents, pour faire le point sur des thématiques liées à l’éducation (rapport aux écrans…).

Tout cela va nourrir la réécriture du projet d’établissement prévue cet été. L’objectif est de présenter un nouveau texte pour les prochains Rendez- vous de la Fraternité de décembre 2018. Agnès Revel a déjà quelques idées : « Notre ambition se veut modeste mais concrète. Il s’agit de donner envie à chacun – élèves, parents, enseignants – de s’impliquer, main dans la main. Le tout, pour proposer, non pas une École de l’innovation mais une École de la créativité. »