Maîtresse, une histoire !
École Sainte-Anne – Sainte-Marie, Paris (XIIIe arr.)
Andrée-Anne Massé, enseignante de moyenne section
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Pour développer l’imaginaire des petits, Andrée-Anne Massé, professeur en moyenne section de maternelle à l’école Sainte-Anne – Sainte-Marie à Paris (XIIIe arr.), s’appuie sur les livres pour enfants. Et ils adorent.
Après la récréation du matin, les vingt-neuf élèves de moyenne section de maternelle d’Andrée-Anne Massé (photo) vont s’asseoir dans le coin lecture devant leur professeur. Installés à même le sol, ils se prêtent avec un plaisir évident à un jeu de mémoire qui consiste à retrouver les titres de quelques-uns des albums jeunesse qu’ils connaissent déjà. Puis vient le moment de la lecture. La rentrée des animaux de Samir Senoussi déchaîne les rires, notamment quand le fourmilier espère trouver à la cantine quelques insectes dans ses épinards. Une surprise attend ensuite les enfants. La maîtresse sort d’une petite boîte des marionnettes à doigts : girafe, éléphant, lion… tous présents dans le livre. « Si on les utilisait pour jouer les personnages de l’histoire ? », propose-t-elle. Et d’initier le jeu avec quelques enfants…
Ce professeur des écoles a consacré son mémoire de master 2, suivi à l’Isfec Île-de- France, aux albums « au service de l’imaginaire et de la compréhension du monde des élèves de maternelle ». Andrée- Anne Massé fait depuis des livres illustrés un véritable support à l’apprentissage en les mettant au centre de son enseignement.
Les jeux se complexifient au fil de l’année
Les albums, qu’elle va régulièrement chercher dans les bibliothèques de la Ville de Paris, lui servent à développer l’imagination des enfants.
« On pense qu’à quatre ans, les petits sont tous imaginatifs. En fait, certains sont très terre-à-terre : ils se disent que les histoires ne sont pas vraies et cela les bloque. D’autres ont une imagination fertile mais qui peut partir dans tous les sens », explique-t-elle. Dans tous les cas, l’imagination a besoin d’être « travaillée ».
Pour ce faire, André-Anne Massé invente des petits jeux. Aux élèves d’imaginer une histoire à partir de la couverture d’un livre, de raconter la suite, ou bien la chute, de l’album qu’ils découvrent. Elle leur demande aussi parfois de dessiner les personnages d’une histoire qu’elle a racontée en cachant les images du livre puis d’expliquer leurs dessins – une bonne façon de travailler l’expression orale. L’enseignante se sert en outre des albums jeunesse pour que ses élèves apprennent à distinguer le monde imaginaire du monde réel : les livres de fiction des livres documentaires. « Je veux aussi leur montrer que, derrière l’objet, il y a un auteur, un illustrateur ou bien un photographe », indique-t-elle. Enfin, elle sensibilise les petits à la démocratie, en les faisant parfois voter pour choisir le livre qu’elle va leur lire. Plus l’année avance, plus les jeux à partir des albums se complexifient. Des petits déguisements permettent de jouer des saynètes inventées à partir des livres. Grâce à des images découpées et plastifiées, les enfants sont invités à mettre dans le bon ordre les différents moments de l’histoire.
Progressivement, les élèves sont capables de reconnaître les titres des albums, voire de les déchiffrer et au dernier trimestre, ils sont invités à créer eux-mêmes leur propre album illustré. « Trois groupes d’enfants inventent trois histoires différentes – que je me charge de noter – puis les illustrent en dessinant chacun des personnages, explique Andrée-Anne Massé. Ensuite, ils racontent leur histoire aux deux autres groupes d’enfants. Et, bien sûr, chacun finit l’année avec un exemplaire de son album. »