L’appel de la nature

DDEC Vannes (56)
Didier Jan de la DDEC du Morbihan, coordinateur de l’animation pédagogique et de l’accompagnement des enseignants
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Dans le Morbihan, une vingtaine de professeurs des écoles ont rejoint un groupe de travail diocésain qui réfléchit aux bienfaits pédagogiques de la classe en plein air.

« L’idée est venue il y a deux ans, quand, suite au premier confinement, j’ai senti un engouement pour l’école en extérieur. Lorsque les élèves ont été autorisés à revenir en classe en demi-jauge, plusieurs enseignants de notre territoire ont commencé à tester des choses : spontanément, ils délocalisaient certains cours dehors… », se souvient Didier Jan, coordinateur de l’animation pédagogique et de l’accompagnement des enseignants à la direction diocésaine de Vannes (56).

La tendance se confirme quand il découvre que Marine Morel (cf. encadré à droite), une enseignante de la commune d’Étel (56), a décidé d’expérimenter cette pédagogie en sortant tous les mardis après-midi avec ses élèves, quel que soit le temps. « J’en ai fait état dans une newsletter que je rédige pour le réseau et j’ai reçu beaucoup de retours d’enseignants qui voulaient réfléchir collectivement sur le sujet », explique le coordinateur. Un groupe de vingt-trois enseignants, issus d’écoles de deux à quinze classes, aux situations géographiques diverses (nature proche ou environnement plutôt urbain), s’est réuni en octobre dernier pour la première fois. Cinq d’entre eux seulement avaient testé l’école du dehors. Ils ont précisé ensemble les enjeux d’une telle pédagogie : réduction de la sédentarité et du stress des élèves, découverte de l’environnement proche et sensibilisation à sa préservation, motivation et sens de la coopération… Les professeurs se sont répartis en petits groupes en se mettant d’accord sur un domaine (français, maths, EPS, sciences…) à travailler dehors avec les élèves.

Ils se sont retrouvés le 23 février dernier pour une mise en commun et un premier partage d’expérience. « L’idée, c’est qu’on puisse faire émerger des besoins de formation car pour l’instant tout cela est très empirique. Nous nous formons en lisant beaucoup », précise Didier Jan. Parallèlement, un autre groupe de travail qui réunit les quatre directions diocésaines de la région, s’est créé. Il réfléchit à une possible formation pour les professeurs intéressés avec le Réseau d’éducation à l’environnement en Bretagne (REEB), une association qui accompagne les enseignants sur la mise en place de cette pédagogie. 


« ON SORT TOUS LES MARDIS APRÈS-MIDI »

Enseignante et directrice de l’école Sainte-Anne, à Étel (56), Marine Morel expérimente des séances de classe en extérieur depuis la fin du confinement. « Nous sommes labellisés Éco-École depuis 2017, c’était donc assez naturel pour moi de tester l’école dehors. Après avoir lu des témoignages sur Internet, j’ai commencé à emmener de temps en temps mes élèves de CE-CM au jardin public à côté, pour des séances de sciences. Depuis 2021, je sors avec mes vingt élèves deux heures le mardi après-midi. Ils commencent par choisir un endroit pour passer un temps au calme puis je compose la séance selon ce qu’ils observent, trouvent par terre… Ils ont un carnet du jardin dans lequel ils écrivent ensuite. Je vois déjà les bienfaits de ces sorties : les enfants coopèrent plus. »

« MES ÉLÈVES AVAIENT BESOIN DE BOUGER »

Sébastien Vanbever enseigne en CE1-CE2 à l’école Saint-Joseph-du Plessis, à Lanester (56). « Dans ma classe, je faisais pas mal d’activités autour de la nature… Les différents confinements ont boosté mes envies d’extérieur et je sentais que mes élèves avaient besoin de bouger. Je me suis donc inscrit au groupe de travail proposé par la direction diocésaine sur ce sujet et j’expérimente pour le moment sans formation. Nous sommes situés dans un cadre urbain mais avons la chance d’avoir un parc à côté, avec une partie boisée. Je sors avec vingt-cinq élèves et un accompagnateur une après-midi toutes les deux semaines. Je travaille le français : le vocabulaire de la forêt, la production d’écrits… J’observe déjà que ma relation s’améliore avec les élèves les plus turbulents. »