La pédagogie est un jeu d’enfants



Remettre le jeu au centre de la pédagogie, tel est le projet conduit par deux enseignantes de l’école Notre-Dame – Saint-Louis, à Louviers (27). Un objectif rendu possible grâce à la ludothèque de la ville.

Au départ, les enfants sont impressionnés par les nombreux jouets mis à leur disposition : petite table de pique-nique et dînette, garage et outils, briques grand format et…, clou de cette vaste salle de jeu, une ferme avec ses tracteurs à pédales, chevaux à roulettes, tondeuses, brouettes et arrosoirs. Mais rapidement, dans la chaleureuse ludothèque de Louviers (27), implantée dans « Le Moulin », un ancien bâtiment industriel, l’excitation grandit chez les élèves des deux classes de moyenne section de maternelle de l’école Notre-Dame – Saint-Louis. En fin de matinée, ils joueront au Kapla – ces planchettes en bois qui permettent de créer des formes à l’infini – dans une salle préparée par les animateurs de l’association La Semaine des 4 Jeudis, qui gère la ludothèque. Maud Hardouin et Laurence Ory, les deux enseignantes, travaillent main dans la main avec cette association car, depuis quatre ans, elles ont placé le jeu au centre de leur projet, pour contrebalancer le pouvoir des écrans qui s’exerce dès le plus jeune âge. « À l’origine de ce projet, il y a le programme d’enseignement de l’école maternelle de 2015, qui valorise la pédagogie par le jeu », explique Laurence Ory.

Un château fort en Kapla

Apprendre aux enfants à coopérer est le fil rouge de ces activités. En début d’année, les bambins démarrent par des jeux collectifs en portant, par exemple, à plusieurs une sorte de grand parachute multicolore, base de nombreux exercices amusants. Deuxième temps fort, la construction commune, en Kapla, d’une ville ou d’un château fort. Troisième étape, la fabrication d’un jouet. Cette année, chaque enfant a réalisé un bateau. La forme en polystyrène leur était fournie mais ils ont dû la poncer, l’aplanir, la trouer pour y passer une ficelle et ils se sont aidés les uns les autres. Ensuite, ils ont testé leurs embarcations sur un bassin… Les enseignantes organisent aussi, tout au long de l’année, des jeux mathématiques en présence des parents. « Au cours de ces séances, chaque enfant a l’occasion de briller avec un jeu ou avec un autre. C’est très rassurant pour eux », expose la maman d’Ombeline. Surtout, ils n’ont pas l’impression de faire des maths. « C’est important car tous n’acquièrent pas facilement des notions, comme le plus ou le moins, le beaucoup ou le peu… », assure Maud Hardouin. Un samedi matin de mai est aussi consacré aux jeux en famille. « Il s’agit d’un moment à part durant lequel les parents n’ont rien d’autre à faire que s’amuser avec leur enfant », précise Laurence Ory. Chaque année, parents et enfants sont ravis d’avoir communiqué entre eux comme jamais. « Le jeu, qui est toujours éducatif, est un formidable outil d’échange car il n’y a pas de recherche de résultat comme dans une activité scolaire », conclut Svetlana Rossi, animatrice de La Semaine des 4 Jeudis.