Classe

La Mache mise sur l’international

Centre international de l’École La Mache, Lyon (69)
Tatiana Rupcic, responsable du Ciel
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Bâtiment
D. R.

Le Centre international de l’École La Mache (CIEL) a été créé en 2009 pour renforcer l’apprentissage des langues étrangères des élèves de ce lycée professionnel et technologique lyonnais (de la 3e au bac +4) et intensifier les séjours à l’étranger. Principaux bénéficiaires : les bacs technos et les BTS.

Les voyages forment la jeunesse… De retour d’un séjour d’une semaine à Trévise, en Italie, dans le cadre d’un projet Erasmus, Léo, en 1re STi2D (Sciences et technologies de l’industrie et du développement durable) à l’École La Mache à Lyon, en a fait l’expérience. « Avec nos camarades italiens, nous avons travaillé sur la maquette d’une maison où nous devions installer des équipements intelligents, bourrés d’électroniques, pouvant être contrôlés et gérés à distance », explique-t-il. Outre l’acquisition de compétences techniques, cette expérience avait pour objectif de sensibiliser les élèves à la question du handicap. Le lycéen a aussi eu l’occasion d’améliorer sa compréhension et sa pratique de la langue anglaise car l’ensemble des travaux étaient effectués dans la langue de Shakespeare.

« Au départ, ce n’était pas évident. Mais quand je me suis rendu compte que les Italiens avaient eux aussi des difficultés, les barrières sont tombées. Et, au final, nous nous sommes plutôt bien débrouillés, même si nous avons dû parfois utiliser le langage gestuel ! », poursuit Léo, qui a apprécié la disponibilité de sa famille d’accueil, les parents d’un des élèves italiens. « J’ai vu comment ils vivaient et cela remet en cause bien des idées reçues ! », s’amuse-t-il.

Ce type d’expérience participe bien plus à l’ouverture d’esprit des élèves que toutes les leçons dédiées à l’interculturalité. « C’est une véritable force et les recruteurs recherchent des profils qui se sont frottés au travail et à la vie dans un autre pays que le sien, les équipes dans les entreprises étant de plus en plus internationales », observe Tatiana Rupcic, responsable du Centre international de l’École La Mache (CIEL), un service créé en 2009 au sein de l’établissement pour favoriser le développement de projets offrant cette opportunité.

Une semaine tout en anglais

Presque une décennie plus tard, le résultat est à la mesure de l’investissement de Tatiana Rupcic. Tous les niveaux sont concernés et pour chacun d’entre eux, deux objectifs principaux ont été définis : renforcer l’apprentissage des langues étrangères (si l’anglais est privilégié, on peut s’initier à l’allemand, l’italien et l’espagnol) et favoriser les partenariats avec des établissements européens pour encourager les échanges et la connaissance réciproque.

Concernant le volet « apprentissage de la langue », des assistants d’anglais se succèdent au sein de l’école et prennent les élèves volontaires, en petits groupes, pour travailler leur oral. Les BTS disposent ainsi d’une dizaine d’heures supplémentaires par rapport aux heures d’anglais déjà prévues dans leur emploi du temps et ils ont la possibilité, trois à quatre fois par an, de suivre un « english day » au cours duquel tous les cours sont en anglais. Last but not least : La Mache est centre d’examen du Bulats (Business Language Testing Service), un test proposé par l’université de Cambridge pour certifier son niveau d’anglais.

Pour le volet « Ouverture sur le monde », une dizaine de partenariats se sont mis en place, à l’image de celui auquel a participé Léo. Un autre établissement italien fait partie de la liste, aux côtés de lycées et écoles professionnelles finlandaises, croates et allemandes. Certains s’inscrivent dans le cadre de projets Erasmus, d’autres sont soutenus par l’Ofaj (Office franco-allemand de la jeunesse), tandis que quelques projets sont appuyés par d’autres partenaires (régions, entreprises…). Les élèves complètent les sommes apportées par ces derniers en vendant des viennoiseries dans l’établissement par exemple et, en cas de besoin, les parents peuvent se cotiser pour permettre à tous les jeunes de franchir les frontières.

Les BTS Électricité partent chaque année à Ulm

La très grande majorité de ces projets concerne les BTS et bacs technos. « En BTS et bac techno, chaque filière bénéficie d’un partenaire particulier et les échanges d’une semaine dans les deux sens sont centrés sur des travaux pratiques, met en avant Tatiana Rupcic. En bac pro, nous avons, à l’exception d’une des filières, privilégié les stages car c’est beaucoup plus compliqué d’impliquer des partenaires. Nous les aidons à trouver des entreprises en nous appuyant notamment sur nos correspondants étrangers.

À noter également : l’établissement participe activement au développement d’un lycée professionnel en Casamance, au Sénégal. Chaque année, des élèves et étudiants se rendent sur place dans le cadre de ce projet solidaire pour mettre à la disposition de ce lycée leurs compétences en électricité, architecture, menuiserie… Deux enseignants de cet établissement viennent d’ailleurs l’année prochaine se former à La Mache.

Les enseignants de La Mache participent eux aussi au développement de cette ouverture internationale. Laurent Combe, professeur en bac techno, en sait quelque chose ! Cela fait presque dix ans qu’il va chaque année avec ses élèves de 1re à Novara, dans la plaine du Pô, en Italie. « Au fil des ans, nous avons appris à connaître nos collègues. Des relations amicales se sont créées et quand certains membres de l’équipe enseignante partent à la retraite, il y a toujours des volontaires pour reprendre le flambeau ! », insiste-t-il.

Même investissement pour son collègue Christian Bron, qui accompagne chaque année les BTS Électricité à Ulm, en Allemagne. « C’est intéressant de voir comment réagissent des élèves qui n’ont, pour certains d’entre eux, jamais quitté la France, même si l’on peut regretter, qu’une fois les travaux terminés, les jeunes Français et les jeunes Allemands ne se mélangent pas lors des sorties culturelles ! », mentionne-t-il.

L’ouverture à l’autre est en effet un véritable chemin dont ces premières expériences constituent les premières étapes… « Cela m’a donné envie de faire d’autres expériences, indique Andrea, qui, comme son camarade de classe Léo, revient d’un échange à Trévise. J’envisageais avec une certaine appréhension de suivre, après mon bac, une école de game designer, dont les 2e et 3e années s’effectuent à Montréal et la 4e année à Tokyo. Maintenant, je suis rassuré. Erasmus, c’est formidable. À l’heure où beaucoup de gens se replient sur eux-mêmes, c’est un véritable appel d’air ! »