Foot, basket, hand… et bac

Lycée Sainte-Jeanne-d'Arc à Aulnoye-Aymeries (59)
Richard FETRE, chef d'établissement
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Le lycée Sainte-Jeanne-d’Arc, à Aulnoye-Aymeries (59), connu pour sa filière hôtellerie, a su se réinventer en ouvrant des sections sportives d’excellence. Sous la direction de coachs et d’enseignants très investis, les jeunes athlètes y trouvent un cadre idéal pour concilier études et entraînements.

J’ai dit une minute trente de gainage et des fentes ! », lance le coach Sébastien Décout, martial. En cette matinée grise de mai, les jeunes sportives de l’institution Sainte-Jeanne-d’Arc, à Aulnoye-Aymeries (59), exécutent fébrilement l’échauffement. Les corps ruissellent de sueur, les abdomens tremblent sous l’effort intense. « On ne lâche rien », encourage le coach, regard perçant derrière ses lunettes sages. Lui n’est pas militaire, mais entraîneur au sein des sections d’excellence sportive du lycée. Il accompagne jour après jour l’équipe de filles de basket. Elles ont entre 15 et 18 ans et viennent de toutes les régions, Hauts-de-France, Occitanie, Bouches-du-Rhône… À peine sorties de l’enfance, elles forment un vivier prometteur et sont soigneusement recrutées à l’issue d’une journée de détection et d’un examen approfondi de leur dossier scolaire. Sont évalués la vivacité au sol (sur 20 points), mais aussi l’état d’esprit, la mentalité, l’assiduité, la générosité. « C’est très exigeant, indique d’emblée Solène, 17 ans. Mais être dans ce lycée, c’est une chance unique. » Silhouette athlétique, cheveux châtains, la jeune fille a quitté Marseille, sa ville natale, pour intégrer la filière basket : « L’atmosphère ici est incroyable. On rencontre des jeunes de toute la France, tous aussi passionnés. C’est un environnement où l’on peut véritablement s’épanouir et viser l’excellence. »

22 élèves pour 80 demandes

Cette année encore, Sainte-Jeanne-d’Arc a vu affluer un nombre croissant de candidats, attirés par ses trois filières sportives d’élite : basket et handball pour les filles, football pour les deux sexes. « Nous sommes extrêmement fiers de l’attractivité de nos programmes sportifs, explique Richard Fétré, le chef d’établissement. Notre processus de sélection est rigoureux. En football, sportive, mais aussi déterminés à réussir académiquement. Cette double exigence est la clé de notre succès. » Son bureau, baigné de tons verts, recèle bien des souvenirs : les statues de la Vierge Marie se mêlent aux ballons de rugby et les étagères débordent de trophées. Cette année encore, les filières handball et basket ont été sacrées championnes de France par l’Ugsel, la fédération sportive éducative de l’Enseignement catholique. La section de football masculin s’est, quant à elle, distinguée en étant finaliste du prestigieux Challenge Jean-Leroy, organisé par la Fédération française de football. « Mais ce succès ne s’est pas construit en un jour », poursuit Richard Fétré. Ancien élève de Sainte-Jeanne-d’Arc, l’homme a été aux premières loges pour observer la transformation spectaculaire de l’établissement. « Je connais cette maison par cœur », souligne celui qui y fut surveillant pendant ses études et plus tard directeur adjoint.

Affiliés à des clubs prestigieux

Fondée en 1932 par les Sœurs de la Sainte Union des Sacrés Cœurs à la demande de l’abbé Pruvost, curé d’Aulnoye, l’institution Sainte-Jeanne-d’Arc était à l’origine un pensionnat pour jeunes filles. Mais au fil des décennies, l’établissement traverse des crises et se métamorphose, notamment dans les années 1980. C’est alors que Bernard Dumortier prend les rênes du lycée. « Il avait un esprit d’entreprise et d’innovation », se remémore Richard Fétré. Contre l’avis général, en pleine crise économique, ce directeur épicurien et intempestif lance une filière hôtellerie. Ce pari risqué se révèle salutaire, mais la fermeture du bac technologique Tourisme au début des années 2000 entraîne la perte de 120 élèves, plongeant le lycée dans une nouvelle crise. L’établissement se tourne alors vers les métiers de la beauté. Toutefois, sous l’impulsion de son chef d’établissement d’alors, José Louguet, c’est surtout le sport qui lui permettra de retrouver son dynamisme. La première section football voit le jour en 2010. Avec le soutien de Simon Raux, coach du club de football d’Aulnoye-Aymeries de l’époque, le lycée brille rapidement sur la scène nationale, et les filières basket et handball sont créées : « Tout s’est accompli très vite », raconte Richard Fétré. Aujourd’hui, ces filières sont affiliées à des clubs prestigieux : l’ASA basket, le club de l’EFAFC en football et Sambre-Avesnois Handball. Ces partenariats permettent aux élèves de bénéficier d’installations de qualité, d’entraînements de haut niveau et d’un encadrement professionnel. « Nos élèves jouent en club et participent à des compétitions le week-end, note Rodolphe Delcourt, coach en basket et football. Cela nous permet de nous rapprocher du fonctionnement des centres de formation, avec une scolarité classique en plus des entraînements. »

Dix heures de sport par semaine

Le programme est chargé : au minimum dix heures de sport par semaine, en plus des cours académiques et du bac à la fin de l’année. « Ça peut être très fatigant », reconnaît Mariam, 17 ans, en filière basket. La jeune fille vit à l’internat, dans un magnifique édifice Art déco tout en brique, avec des toitures en tuile et en ardoise. Un lieu hors du temps qui peut aussi devenir pesant quand on a perdu ses repères. « Je viens de la région parisienne, ajoute-t-elle. J’ai dû m’adapter à un nouveau rythme de vie : prendre mes repas à la cantine, ne pas pouvoir accéder à ma chambre à toutes les heures. Heureusement, l’ambiance est géniale ! » Le soir, les couloirs de l’internat prennent des allures de colonie de vacances, avec des conversations et des rigolades. « Elles sont très proches, affirme Yamina Aouadi, surveillante d’internat qui veille jour et nuit sur les filles. Cette camaraderie crée un environnement presque familial, qui leur permet de garder le moral. » Parfois, devant les obstacles, les sourires se font rares. « Ce n’est pas tous les jours facile, je me mets beaucoup de pression, admet Kris, 16 ans. Et puis, même si on se donne à fond, il peut nous arriver des pépins. Moi, je me suis blessé à la cheville. » Le jeune homme est bien conscient des aléas de la vie dans une carrière footballistique. Il apprécie de pouvoir suivre à la fois une scolarité classique et une pratique sportive intense. « Ça nous laisse toutes les portes ouvertes », résume-t-il. Cette complémentarité offre aux jeunes athlètes une sécurité supplémentaire, leur permettant de construire leur avenir, qu’ils deviennent ou non sportifs professionnels. Le bac et la préparation à des études supérieures restent leurs objectifs premiers. « Nous mettons un point d’honneur à ce que chaque élève réussisse académiquement, qu’il ait un projet sur Parcoursup solide, car une carrière sportive peut être courte, déclare Richard Fétré. Notre programme est conçu pour offrir le meilleur des deux mondes : l’excellence scolaire et l’excellence sportive. » Dernière fierté de l’établissement : la spécialité EPPCS (Éducation physique, pratiques et culture sportives) au bac, que l’institution a été la première à introduire en France en 2022.