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Faciliter la transition CM2-6e

Groupe scolaire Saint Clément Martigny-les-Bains
Valérie Colus, chef d’établissement coordinateur
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Pour préparer le passage de ses élèves en 6e, en pérennisant son école, le petit groupe scolaire Saint-Clément, de Martigny-les-Bains (Vosges), a lancé à la rentrée un projet original. Hormis le français, les cours des CM2 sont dispensés par des professeurs du collège et partagés, pour certains, avec les 6es.

Passer d’une relation privilégiée avec un seul professeur à une multitude d’enseignants, se repérer dans de nouveaux locaux, apprendre à s’organiser… Le passage du CM2 à la 6e représente toujours un grand changement, plus ou moins bien vécu selon les enfants. Pour les préparer au mieux, Valérie Colus, chef d’établissement coordinateur de l’école-collège Saint-Clément, un établissement rural et familial situé à Martigny-les-Bains (126 élèves au total) dans les Vosges, a testé cette année un nouveau dispositif : l’intégration d’une classe de CM2 au sein du collège, avec des cours dispensés en grande partie par les professeurs du collège.
Tout a commencé en 2016 avec le déplacement de la classe unique multiniveaux CE1-CE2-CM1-CM2 dans les locaux du collège. Ensuite, en septembre 2019, une classe de CM2 à part entière a été créée. Grâce à l’obtention de l’équivalent d’un demi- poste en plus, Valérie Colus a fait en sorte que des professeurs de collège dispensent la majorité des cours aux CM2. Sur leurs vingt-quatre heures d’enseignement hebdomadaires, seules cinq heures de français sont assurées par le professeur des écoles, Claudine Roux, également directrice de l’école.

« Tirés vers le haut »

Par ailleurs, les CM2 suivent l’EPS en commun avec les 6es, à raison de deux séances de deux heures par semaine. « Le professeur de sport, aidé d’une AVS, a donc un groupe de vingt-trois 6es et de quinze CM2. Il a dû adapter ses séances car les niveaux de motricité n’étaient pas les mêmes », explique le chef d’établissement. Dès septembre, un voyage à Saint-Malo a permis aux CM2 et 6es de faire connaissance. Char à voile, visite d’un ostréiculteur… Toutes les activités ont été menées en groupes mixés. « Cela s’est très bien passé, on ne voyait même plus la différence d’âge entre enfants », note Valérie Colus. De plus, chaque 6e a été le tuteur d’un CM2 durant l’année afin de renforcer l’entraide entre grands et petits.

« Les bénéfices de cette expérience sont nombreux, estime Valérie Colus. Les enseignants de collège se sont rendu compte que les CM2 étaient encore petits et très peu autonomes. Ils ont aussi pu évaluer leurs difficultés afin d’adapter leur enseignement à la rentrée prochaine. Pour les CM2, avoir une classe dédiée à leur niveau, cela les a tirés vers le haut. » Côté parents, si les familles ont craint que cette pratique « ne fasse grandir un peu trop vite » leurs enfants, ils ont finalement apprécié qu’ils prennent un nouveau rythme et mettent un pied au collège. « Ce projet a été un atout et a permis de préparer un passage en douceur », confie Claudine Roux. Cela l’a amenée aussi à travailler davantage avec ses collègues du 2d degré : « Il a fallu inventer un système pour l’évaluation car à l’école, on ne met pas de notes, on valide seulement des acquis. »

Cerise sur le gâteau : les CE1, CE2 et CM1 ont pu par ricochet bénéficier de ce projet. Pendant les heures de français des CM2 effectuées par le professeur des écoles, les plus petits étaient pris en charge par les enseignants d’EPS et d’arts plastiques du collège. « Être considérés comme des grands les a valorisés », note Claudine Roux. L’année prochaine, Valérie Colus espère élargir encore le projet en formant des groupes-classes de CM2-6e dans certaines matières. « Cela pourrait se faire en Éducation morale et civique mais aussi en maths, car le programme de 6e est une consolidation de ce qui a été vu en CM2 », avance-t-elle. En attendant, la mission semble réussie : les petits CM2 sont « prêts pour la 6e », estime Valérie Colus.