Euro-citoyens dès 4 ans!

Saint-Jacques de Compostelle à Dax (40)
Marguerite de Perignon, chef d’établissement
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L’école Saint-Jacques-de-Compostelle, à Dax (40), vit un projet Erasmus+ avec mobilité enseignante qui dynamise sa politique d’apprentissage des langues menée au sein de tout l’ensemble scolaire. Au menu : perfectionnement linguistique et découvertes pédagogiques.
Une montée en compétences qui profi te aussitôt aux élèves.

«Anna ? »… «Estoy aqui ! »… « Victor ? »… « Estoy aqui ! » « ¿ Feliz compleaños, Victor ! Cuantos años tienes ? » Et l’intéressé de répondre fièrement : « Cinco ! » Preuve qu’au-delà des rituels quotidiens de l’appel, de la date et de la météo, les écoliers de Saint-Jacques-de-Compostelle maîtrisent les rudiments de la langue espagnole, et ce, dès la maternelle ! Située à Dax (40), à une heure de la frontière espagnole, l’école cultive la fibre ibérique de longue date. Une orientation qui s’est vue dynamisée l’an dernier, à la faveur d’un programme Erasmus+ suivi par six enseignantes (sur une équipe de vingt-trois) et leur chef d’établissement. Une semaine en immersion à Tia Tula, un centre de formation pour les professeurs étrangers basé à Salamanque, en Espagne, durant les vacances de la Toussaint 2020, a rempli son objectif de mise à niveau linguistique, y compris pour les débutantes. « Nous consacrions nos matinées à l’espagnol et notre séjour sur place a été précédé et suivi de trente heures efficaces de cours particuliers en ligne. Moi qui n’avais que mes souvenirs de lycée, j’ai pris suffisamment confiance en moi pour parler espagnol avec les élèves… et j’ai réussi en quelques mois seulement à leur transmettre des automatismes », se réjouit Laure Milhau, enseignante en moyenne section.
Les après-midis du séjour d’étude étaient dédiées à des échanges autour de méthodes et d’outils pédagogiques entre pairs de toutes nationalités et des professeurs espagnols spécialistes de l’apprentissage des langues étrangères. Les enseignantes ont découvert nombre d’albums jeunesse espagnols ou des chansons qu’elles ont ensuite exploités avec bonheur dans leurs classes, de la maternelle au CE1. Leurs histoires, aux constructions itératives et faciles à gestuer, sont plébiscitées par les élèves qui en comprennent le sens. C’est ainsi que classes et couloirs résonnent couramment de « r » roulés et d’accents ensoleillés.

© V. LERAY

Un jeu de l’oie sur-mesure

En grande section, Hélène Ducom a même conçu un jeu de l’oie sur-mesure permettant de réviser en fin d’année le vocabulaire appris au fil des mois : couleurs, parties du corps, liens de parenté… « Pour une séance pleine d’enthousiasme et festive à l’espagnole ! », sourit l’enseignante. Les réponses fusent autour du plateau tandis qu’à d’autres tables, les enfants s’essaient à des jeux de société « made in Spain » ramenés de Salamanque. Isabelle Le Cocguen, quant à elle, a découvert les « virelangues », ces phrases difficiles à prononcer comme « Les chaussettes de l’archiduchesse… » qui font les délices de ses CM1. Avec eux, elle a aussi mis en pratique les nouveaux usages du site LearningApps découvert à Tia Tula pour fabriquer un Qui-est-ce ? franco-espagnol à destination des correspondants de l’école basque espagnole Nazareth, à Vitoria, partenaire historique de l’établissement.

« L’épreuve du montage du dossier Erasmus de soixante-quinze pages, pour lequel nous avons bénéficié de deux jours de formation proposés par la direction diocésaine voisine de Bordeaux, valait la peine ! », assure Anne-Valérie Persillet, enseignante de CM2 qui a demandé à sa directrice, Christelle Bedel, d’engager une mobilité Erasmus en juin 2019. « Nous avions visité il y a quelques années Notre-Dame, une école bilingue à Oloron-Sainte-Marie (64) et j’avais été impressionnée par la facilité d’expression des enfants. Depuis, je souhaitais vraiment que nous exploitions ici de manière plus précoce et plus intense leur perméabilité au flux langagier », s’enthousiasme l’enseignante, qui donne des cours de géométrie en espagnol depuis plusieurs années. Pour organiser ces enseignements en DNL (Disciplines non linguistiques), les professeurs de cycle 3 se répartissent, dès le CM1, les cours de français et de mathématiques. « Pour les jeunes, c’est un avant-goût de la pluralité enseignante qu’ils connaîtront au collège. Réfléchir à la place des langues en primaire peut être aiguillon d’innovation… », fait valoir la directrice, heureuse d’accompagner son équipe dans cette aventure, que poursuivra Marguerite de Perignon, qui lui succède à la rentrée. Le report du printemps dernier à l’automne prochain, pour cause de Covid-19, de la deuxième semaine de mobilité, lui permettra de s’immerger dans le projet. L’investissement du chef d’établissement et du coordinateur de l’ensemble scolaire est aussi essentiel que celui des professeurs à la réussite d’un projet Erasmus, avec des retombées multiples.

Label Euroscol

« En fin d’année, les enseignantes ont présenté leur séjour et leurs découvertes aux équipes du groupe scolaire mais aussi aux chefs d’établissement du diocèse. Elles travaillent à affiner des progressions pédagogiques d’une classe à l’autre, ainsi que de l’école au collège, ce dernier étant doté de classes bilangues en 6e et d’une section européenne, détaille Christelle Bedel, qui voit loin. Pourquoi ne pas aller vers l’ouverture d’une section binationale qui permettrait à nos élèves de passer un bachibac, une double diplômation française et espagnole qui est très recherchée par les employeurs ? » À plus court terme, ce partage d’expériences, dans l’esprit des nouvelles orientations du programme européen, qui entend développer la formation entre pairs via des « Académies Erasmus+ », a aussi valu à l’école d’être labellisée Euroscol par son académie. Repéré par la Maison de l’Europe à Bordeaux, le groupe scolaire a également bénéficié de la visite en juin de deux jeunes, une Italienne et une Danoise en service civique international en Gironde, qui ont présenté leurs pays aux élèves et partagé avec eux leur goût pour la découverte culturelle. Tout comme les enseignantes de Saint-Jacques qui entendent « faire vivre l’Europe aux élèves via un prochain projet Erasmus qui les amènerait aussi à voyager » !