Élèves soudés et motivés

La Maison Française Château de la Chesnoye, Cuise-la-Motte (60)
Nathalie DURAND
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La Maison Française, un établissement de l’Oise qui accueille une centaine d’élèves de la 6e à la terminale, porte un projet unique en France, inspiré de la pédagogie scoute.

Après plusieurs kilomètres de route en pleine nature, l’écrin qu’est la belle forêt de Compiègne s’ouvre sur le château de La Chesnoye. C’est ici qu’à élu domicile depuis 1958 La Maison Française, un établissement catholique sous-contrat installé sur la commune de Cuise-La-Motte, dans l’oise. En ce premier jour d’automne, des élèves en EPS courent dans le grand parc. « Bonjour cheftaine », lancent-ils, à Véronique de Tarlé, leur professeur d’anglais qui les croise. Ici, c’est une tradition, les professeurs sont appelés comme chez les scouts. « Au début, cela fait drôle, mais aujourd’hui, je ne changerai ce titre pour rien au monde, raconte l’enseignante. Cela crée une relation de confiance, respectueuse et affectueuse. » Éduquer dans la confiance est un des piliers de la pédagogie scoute et c’est dans cet esprit que sont accueillis les élèves de La Maison Française, explique sœur Nathalie Durand, la directrice, religieuse de la Sainte-Croix de Jérusalem, ordre fondé par le père Jacques Sevin, l’un des pionniers du scoutisme en France. Aujourd’hui, l’établissement ne compte plus que deux religieuses. Ici, pas de sélection à l’entrée, ce qui prime c’est la motivation de l’élève. « En arrivant, certains jeunes ont une image négative des enseignants, à nous de leur montrer qu’on leur fait confiance pour qu’ensuite ils nous fassent confiance », estime la directrice. Anne Blondeaux, professeur de SVT, témoigne : « Dans notre façon d’enseigner, c’est l’attention à chacun qui est importante. » Autre atout de l’établissement : les petits effectifs. Une seule classe par niveau avec vingt-cinq élèves maximum ! Un choix pour garder un esprit familial et favoriser le suivi des élèves. « Je peux travailler au cas par cas avec chaque élève. Je repère au début de l’année leurs points forts et je m’appuie dessus pour les emmener le plus loin possible », explique Sylvie Déchelette, professeur de français.

Une pédagogie de l’encouragement

Alors que la sonnerie de 10 heures vient de retentir, les élèves se rassemblent par équipe autour des cheftaines pour la remise des « flots », ces bandes de couleurs que les scouts accrochent à leur épaule pour indiquer l’origine de leur patrouille. Ceux qui ont eu les meilleures notes, qui ont fait le plus d’efforts ou qui ont eu le meilleur comportement les épinglent à leur pull. L’uniforme que les élèves portent pour les cérémonies (kilts ou pantalons et pulls rouges), se mérite également. « Une façon de les inciter à donner le meilleur d’eux-mêmes », explique sœur Nathalie Durand.

L’établissement s’appuie aussi sur une autre pédagogie inspirée du scoutisme : le sens du concret. Les élèves ont des « badges » à réaliser, en équipe ou individuellement. Ce sont des travaux sur un thème qui met en jeu plusieurs matières. « Cela développe leur côté créatif et permet à ceux qui ont plus de mal d’un point de vue scolaire d’avoir une forme de réussite », poursuit la directrice. Enfin, dernier point fort de la pédagogie scoute repris à la Maison Française : tous les élèves appartiennent à une équipe. Ils déjeunent et pratiquent les activités de plein air du mercredi après-midi ensemble : grands jeux, saynètes… Un temps fort de la semaine rythmée par les cours et les heures d’études obligatoires. « Un élève ne progresse que s’il se sent bien, conclut sœur Nathalie Durand. Notre premier objectif, c’est qu’il soit heureux de venir à l’école et qu’à terme il réussisse sa vie. »

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