Classe

Les religions en couleurs

Institut Montalembert Nogent-sur-Marne
Béatrice Leleu, chef d’établissement
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Professeur
M. Broussous

À travers la symbolique des couleurs, Catherine Thuillier, de l’association Wunam, initie les écoliers aux trois religions monothéistes. Une approche originale qui conduit à la réalisation d’un « livre d’artiste ».

Dans la classe de Marie-Claude Pugliese, enseignante de CP à l’Institut Montalembert de Nogent-sur-Marne (94), des livres jeunesse sur les religions juive,chrétienne et musulmane sont exposés sur une table. Ils ont été prêtés par la bibliothèque de la ville et par les élèves qui n’ont pas hésité à les apporter de la maison. C’est l’intervention de Catherine Thuillier, animatrice pour la pastorale à la direction diocésaine de l’Essonne de 2008 à 2016 et fon- datrice de l’association Wunam1 dont l’objectif est de favoriser la découverte de diverses expressions culturelles, qui a suscité chez ces enfants une véritable curiosité pour les religions.

L’animatrice, présente pour la deuxième fois dans cette classe de CP, demande aux écoliers quels sont les lieux de culte des trois religions et leur livre de référence (la Torah, la Bible, le Coran). Elle leur propose aussi un petit jeu autour des couleurs qu’elle a conçu elle-même. Chaque enfant a devant lui un carré coloré qu’il devra placer sur la bonne case d’une planche où se trouvent six photos. Elles représentent le toit vert de la Grande Mosquée de Paris, l’agneau de la religion chrétienne, les taliths rayés de bleu des juifs pratiquants… Chaque photo est l’occasion pour Catherine Thuillier d’évoquer la dimension symbolique des six couleurs dans les religions – le blanc, le noir, le bleu, le vert, le rouge et l’or – ainsi que certains épisodes bibliques.

À l’origine de ce projet, il y a une ambition : favoriser le dialogue interreligieux. « Pour être respectueux de la religion de l’autre, il faut apprendre à la connaître. Et cela doit démarrer le plus tôt possible. Il est indispensable de montrer qu’au-delà des convictions et des rituels différents, il est possible de construire des ponts ensemble », estime la directrice Béatrice Leleu. En fait, cet apprentissage est préventif. Au sein de l’établissement, des familles de différentes confessions se côtoient quotidiennement et toutes sont tolérantes.

Chaque enfant réalise son livre

« L’équipe, composée de treize enseignantes et d’une assistante de vie scolaire, est très ouverte à la culture et aux arts. Néanmoins, lorsque j’ai demandé à Catherine d’intervenir dans l’école, nous avons convenu qu’elle présenterait au préalable sa démarche », précise Béatrice Leleu. Catherine Thuillier est venue rencontrer l’équipe pour une formation sur le religieux dans l’espace public, puis a expliqué le projet en montrant ce qu’est « un livre d’artiste » (inspiré du projet Relindial Cartonera)2. Un moment d’autant plus important que les enseignantes sont parties prenantes. En effet, Catherine Thuillier intervient trois fois (à quelques semaines d’intervalle) dans chacune des classes, de la grande section au CE1. Puis les professeurs prennent le relais en faisant réaliser à leurs élèves un livre où chaque page est consacrée à une couleur. Le travail des enfants est prometteur. Le bleu de leurs peintures, qui représentent une mer déchaînée en référence au Déluge, est éclatant.

Les parents eux aussi peuvent s’impliquer dans le projet à travers un atelier d’écriture organisé par Catherine Thuillier. Une dizaine d’entre eux se sont portés volontaires. « L’objectif est de les amener à écrire de petits textes qui seront insérés dans les livres des enfants. » Une fois les ouvrages achevés, un livre, composé de quelques pages des livres d’artiste et des planches pédagogiques, sera édité. « Le partage des richesses découvertes tout au long de cette aventure doit passer les murs de l’école. C’est pourquoi nous avons envisagé de faire éditer ce livre afin qu’il soit accessible dans les bibliothèques enfantines », précise Béatrice Leleu. Une initiative qui pourrait faire des émules…