filleul

Apprentissages entre pairs

École Sainte-Jeanne-d’Arc, Graveson (13)
Christine GHIRALDO, chef d’établissement
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Enfants
L. Estival

Depuis quatre ans, l’école Sainte-Jeanne-d’Arc de Graveson (Bouches-du-Rhône) forme des tandems d’élèves d’âges différents. Une centaine de duos se retrouvent ainsi toute l’année. Une façon pour les enfants d’apprendre à grandir.

Ce vendredi matin, c’est fête à l’école Sainte-Jeanne-d’Arc de Graveson (13). Un buffet a été dressé pour clôturer la Semaine du goût. Ce petit-déjeuner a une saveur particulière pour Lana, élève de CP. Aidée par Baptiste, son parrain de CM2, elle remplit son assiette, avant de rejoindre une des salles de classe où s’attablent les 99 autres doublettes. Les tandems, créés chaque année à la rentrée entre « grands » et « petits », vont pouvoir mieux se connaître…

De la petite section de maternelle jusqu’au CP, les enfants seront en effet accompagnés pendant l’année scolaire par un parrain, choisi parmi leurs camarades du CE1 au CM2.
« L’idée de ces duos nous est venue il y a quatre ans. Le travail coopératif était alors le thème de l’année et nous avons vu que quand ils se retrouvaient ensemble, les grands étaient pleins d’attention envers les petits », se souvient la directrice, Christine Ghiraldo.

Afin de renforcer cet esprit de solidarité, l’établissement décide d’inscrire ces moments dans la durée. Dès le mois de septembre, une récréation débouche sur la création des tandems. « C’est incroyable de voir comment les enfants se choisissent mutuellement, sans aucun tabou », déclare la directrice. Une deuxième récréation va confirmer les duos et les grands ont alors la lourde charge de lire une histoire aux petits afin de briser la glace. Tout un travail est réalisé en amont avec la bibliothécaire, Christelle Pelligrino. Elle va les épauler dans la quête du livre idoine, correspondant aux centres d’intérêt de leur futur filleul. « C’est aussi l’occasion pour eux de faire des progrès à l’oral, indique-t-elle. Nous préparons ensemble les lectures et ils doivent s’entraîner chez eux après l’école. »

Chaque année, les duos changent

Ensuite, filleuls et parrains vont se retrouver tous les vendredis à la récréation et autour d’évènements particuliers (nettoyage de la nature, fête de Noël ou de Pâques…). Avec à chaque fois, l’impression d’aller encore plus loin dans la relation. « C’est la force de ces doublettes. Pour les petits, c’est l’occasion de s’ouvrir aux autres. Pour les grands, c’est un moyen d’assumer des responsabilités », poursuit la directrice.

« Ces tandems modifient les élèves, affirme Julie Vincent, enseignante en CP. Ils apportent de la tendresse. Et il y a chez les grands de la fierté, les adultes leur font confiance. » Les petits ne considèrent pas les grands comme leurs aînés mais comme des tuteurs à part entière, chargés de les initier au monde des adultes. N’étant pas tous les jours en contact, une certaine distance demeure entre les enfants. D’autant que chaque année, les duos changent, laissant la place à de nouvelles combinaisons. « Nous voulions que les enfants profitent de ce projet pour découvrir plusieurs personnalités », explique Christine Ghiraldo. Mais malgré tout, il arrive que les liens soient tenaces ! L’établissement a d’ailleurs créé, à la demande des parrains et marraines, une réunion, une fois par trimestre, pour permettre aux grands de retrouver leurs filleuls des années précédentes… « C’est très intéressant aussi de voir la fébrilité qui gagne chaque année les CE1 quand ils vont devoir passer du rôle de filleul à celui de parrain. C’est pour eux la reconnaissance qu’ils sont maintenant du côté des grands », ajoute Julie Vincent.