Face à la complexité des parcours scolaires et aux risques de décrochage, trois dispositifs innovants, portés par des établissements engagés du diocèse de l’Aube, redonnent espoir aux élèves en difficulté. Le DDO, le dispositif Avenir et la 4ᵉ Passerelle proposent des réponses adaptées, humaines et ambitieuses pour ne laisser aucun élève de côté.
« Coopérateam est né de la volonté de quitter la logique d’entre soi subie par les élèves en situation de handicap pour favoriser leur inclusion », présente d’emblée Thomas Enfrin, chargé de mission Éducation inclusive à l’Enseignement catholique d’Ille-et-Vilaine, ancien référent dynamique sportive inclusive pour l’Ugsel nationale et créateur du podcast Accessi 1000 Idées. En 2019, la collaboration entre la DDEC 35 et Agnès Guyader et Vincent Barbedette de l’Ugsel 35 donne naissance à un challenge coopératif autour de l’escalade, intitulé « A Bloc ! », avec comme particularité la création de binômes : chaque enfant scolarisé en Ulis invite un enfant de sa classe de référence. « Mais certains enfants d’Ulis n’avaient pas de copains, tandis que d’autres en avaient trop pour en choisir un seul », se souvient Thomas Enfrin. Après le Covid, la formule est donc revue.
1/ Le DDO (Dispositif de Développement et d’Orientation) : un tremplin pour les 15–18 ans sans solution
Créé par les lycées professionnels Aviat, Jeanne Mance et La Salle de Troyes pour accompagner les jeunes de 15 à 18 ans ayant connu un échec après la classe de 3ᵉ, le dispositif DDO s’adresse à des profils souvent en rupture avec le système scolaire traditionnel. L’objectif est clair : remettre ces jeunes en mouvement, les aider à trouver leur orientation, grâce à un suivi individualisé, des immersions professionnelles régulières et des actions concrètes telles que la rédaction de CV ou la recherche de stages. Les élèves font un passage plus ou moins long dans l’année scolaire, selon leurs besoins, au sein du dispositif. Avec un effectif en hausse – 18 élèves en 2024 – et une coordination portée par une équipe pédagogique volontaire, le DDO incarne une école qui s’adapte aux élèves, et non l’inverse.
2/ Le Dispositif « Avenir » : l’orientation au collège dès la 4ème
Les Lycées professionnels : Léonie Aviat, La Salle et Jeanne Mance de Troyes ainsi que les collèges : St Dominique Savio (porteur du projet), Henri Breton, St Joseph, St Loup, Louis Brisson, St Pierre, Marguerite Bourgeoys et St Bernard du territoire Aubois participent à ce dispositif.
Lancé en 4e pour des collégiens en difficulté scolaire, le dispositif Avenir mise sur l’anticipation. Repérés tôt, ces jeunes bénéficient d’un accompagnement souple, basé sur la découverte du monde professionnel à travers des stages de trois semaines (3 fois une semaine dans l’année), dans des secteurs aussi variés que l’architecture, la logistique ou la restauration. L’objectif est de leur permettre de construire un projet, retrouver du sens dans leurs apprentissages et reprendre confiance. Avec des groupes à taille humaine et un suivi post-stage, le dispositif ouvre des portes vers des formations professionnelles adaptées, comme la 3ᵉ Prépa-Métiers.
3/ La 4ᵉ Passerelle : une alternative pour les plus jeunes
Cette structure placée au sein du lycée professionnel La Salle à Troyes a été pensée pour des élèves issus de 5ème, âgés de 12 à 13 ans. La 4ᵉ Passerelle s’adresse à ceux que le redoublement ne saurait aider. Le principe : un accompagnement global, une pédagogie interdisciplinaire, et surtout, une attention particulière aux besoins éducatifs spécifiques (troubles DYS, PAI, PAP, etc.). Grâce à des projets concrets, des ateliers créatifs et des partenariats, les élèves reprennent goût à l’école. En fin de parcours, ils s’orientent vers une 3ème Prépa-Pro, avec la perspective d’un CAP ou d’un Bac Pro.
Un engagement collectif pour la réussite
Ces trois dispositifs reposent sur des équipes pédagogiques engagées, des coordinations solides et un maillage fort entre établissements, familles et partenaires. Qu’il s’agisse d’organiser l’accueil hebdomadaire, de suivre les élèves en stage ou de co-construire des projets innovants, chaque action est pensée pour redonner à l’élève un rôle actif dans sa réussite.
Évalués régulièrement, ces dispositifs montrent leur efficacité : moins de décrochage, plus d’élèves motivés à poursuivre leur scolarité, et surtout, des jeunes qui retrouvent le sourire et l’envie d’apprendre.
À l’heure où la question de l’inclusion scolaire et de l’égalité des chances est plus que jamais d’actualité, ces initiatives montrent la voie. En misant sur l’individualisation, la confiance et la diversité des parcours, elles transforment l’école en tremplin, et non en obstacle. Une révolution discrète mais essentielle.
