On peut faire des fautes d’orthographe à la radio !
Collège Sainte Jeanne d’Arc à Rambervillers (88)
Christophe Vincent, chef d'établissement
Envoyer un e-mail
La médiation animale se développe dans les établissements : des enseignants passionnés amènent leurs animaux en classe. À l’école hôtelière Renouveau, proche de Saint-Étienne (42), la présence affectueuse du berger australien Nuts apaise les élèves et crée une ambiance studieuse.
Invité du jour à La Jeanne en voix, l’émission des élèves du collège Sainte-Jeanne-d’Arc, à Rambervillers (88) : Christophe Vincent, le chef d’établissement. « En quoi la webradio est-elle un atout dans notre cursus scolaire ? », l’interroge Enzo, timide mais professionnel, tandis qu’Ilona est à la table de mixage et que Tendy supervise. Christophe Vincent, qui a accueilli le projet à bras ouverts en 2021, y voit un moyen de mettre en valeur des élèves en difficulté scolaire car la radio permet « d’être reconnu par un autre biais que celui de l’écrit ». Trois élèves d’Ulis font d’ailleurs partie du club. Un avis partagé par les six collégiens présents, parmi la petite dizaine de participants (de la 6e à la 3e), et par l’équipe éducative qui les encadre. La webradio leur offre une grande liberté. « C’est un outil qui nous permet de faire tout ce qu’on veut ! », résume Mélissa Mingatos, leur professeure-documentaliste.
Pour produire une émission entre chaque période de vacances scolaires, le club webradio se réunit tous les jeudis pendant une heure, sur la pause méridienne. Les apprentis journalistes commencent par une conférence de rédaction, choisissent leurs rubriques et leurs sujets, recherchent des informations, réalisent des interviews, mettent en forme, filent et enregistrent l’émission. Le programme est complet ! « Cela leur permet d’améliorer leur oral, bien sûr, mais aussi leur écrit tout en leur apprenant aussi à travailler ensemble ! », explique Carole Giles, l’enseignante de français à l’initiative de cette webradio. S’ils ne sont pas notés sur leur travail dans le club, ils cochent toutefois des compétences pour le brevet et gagnent de l’aisance. « On peut faire des fautes d’orthographe à la radio ! », commente en souriant Enzo, élève en 3e.
Une émission spécial Noël
« C’est quelque chose que j’ai toujours rêvé de faire. Ici, j’ai rencontré un chef d’établissement qui a bien voulu me suivre », se réjouit l’enseignante de français. Avec quatre collègues, elle s’est formée à la technique auprès d’une enseignante extérieure venue avec son matériel, forte de l’expérience menée dans son établissement. Puis Sainte-Jeanne-d’Arc s’est lancé à la rentrée 2022 et a acheté pour 1 600 € de matériel, en grande partie financé par la subvention annuelle pour l’informatique et le multimédia du Conseil départemental. L’ancienne salle informatique a été réquisitionnée pour y installer le studio, composé d’un ordinateur dédié à la webradio, d’une table de mixage, de six micros et autant de câbles, de deux enregistreurs et de balles de tennis fixées aux pieds des chaises pour éviter le bruit des frottements. « La table de mixage est petite et on aimerait bien avoir le double de micros, mais pour l’instant ce n’est pas possible », regrette Carole Giles. La rédaction de La Jeanne en voix prévoit de se diversifier malgré tout…
Audrey Stroili, professeure d’espagnol formée à la webradio, souhaite délocaliser le projet en Espagne, le temps d’un voyage scolaire pour les quarante-huit élèves de 3e : « J’aimerais partir avec deux magnétophones et faire en sorte que, tous les jours, je puisse enregistrer deux ou trois élèves. Certains ressentent un blocage quand ils sont derrière un micro. Ils pourraient se sentir plus à l’aise avec un enregistreur sur le terrain. » Par ailleurs, la direction diocésaine des Vosges, sous l’impulsion de sa directrice Aurélie Stein, a souhaité valoriser La Jeanne en voix en lui proposant de couvrir des manifestations d’autres établissements. L’année dernière, la webradio a ainsi réalisé un podcast des Olympiades organisées par l’ensemble scolaire Saint-Laurent de La Bresse (88). En attendant, les membres du club sont concentrés sur l’émission en cours. Au programme : une interview du père Joseph, le prêtre de la paroisse, pour l’épisode sur Noël. Comme lui, des enseignants et des parents d’élèves sont déjà passés devant leur micro. « Elle rassemble toute la communauté, cette webradio ! », souligne Carole Giles.
Une diffusion pendant la récréation
Une fois l’émission terminée, Mélissa Mingatos la met en ligne sur une plateforme dédiée aux contenus audio et la diffuse sous le préau lors d’une pause. « Quinze minutes d’émission, c’est le temps de la récréation ! », plaisante la documentaliste. Et Ilona, en 3e, surveille les résultats d’audience : « Parfois il y a de gros rassemblements ! » L’équipe éducative espère que ces diffusions permettront d’attirer de nouveaux élèves à la rentrée prochaine. La rédaction actuelle, en tout cas, semble conquise, comme en atteste son assiduité. Les élèves ont d’ailleurs proposé de récupérer une demi-heure supplémentaire sur leur pause déjeuner pour le club ! « Ce projet les met en valeur, ils sont super fiers », conclut leur professeure d’espagnol.