Bulle de bienveillance

Le groupe scolaire Sainte-Anne – La Salle de Verdun (55) a repensé son projet d’établissement pour favoriser le bien-être de ses élèves. Dans la classe de Céline Doucet, cela passe par des exercices de respiration qui permettent aux jeunes d’évacuer leur stress.

« En 2020, après le premier confinement, il n’était pas rare que certains élèves se mettent à pleurer sans raison, tous âges confondus », raconte Johann Lesire, chef d’établissement coordonnateur du groupe scolaire Sainte-Anne – La Salle, à Verdun (55). À l’écoute de cette détresse morale que des parents ont également exprimée, l’équipe éducative, en partenariat avec l’Apel, a élaboré un nouveau projet d’établissement. « Il est le fruit d’une réflexion collective, poursuit Johann Lesire. Des enseignants mûrissaient depuis un certain temps des idées pour améliorer le bien-être des élèves, comme Aurélien Bongard qui propose du yoga en CM2. Et des parents ont spontanément offert leur service. » Cette dynamique, qui va durer trois ans, a débuté en octobre dernier : les élèves ont découvert, pendant une semaine, des techniques pour gérer leurs émotions au cours de nombreux ateliers (danse, respiration…), tout comme les parents regroupés à part. Quant aux enseignants et personnels de l’établissement, ils ont été initiés et formés en amont à une « culture du bien-être » lors d’une journée pédagogique, avec des apports scientifiques sur le fonctionnement du corps, du cerveau et du système nerveux ainsi que des outils concrets pour, par exemple, favoriser un retour au calme dans une classe. « Nos élèves vont beaucoup mieux », témoigne le chef d’établissement. « Nous avons aussi de très bons retours des parents qui constatent les bienfaits sur leurs enfants », renchérit Alvina Laleuw, trésorière de l’Apel. Certains enseignants se sont emparés spontanément de techniques qu’ils utilisent désormais en classe.

Fermez les yeux !

Céline Doucet, enseignante en biotechnologies et santé-environnement en lycée pro fait partie de ces professeurs pour lesquels le projet « bienêtre » a tout de suite fait écho (cf. encadré). Elle expérimente certaines techniques depuis plusieurs années, en commençant souvent son cours par un exercice de respiration inspiré de la sophrologie : « Ressentez vos pieds bien à plat sur le sol. Fermez les yeux. Ai-je des tensions ? À chaque respiration, j’essaie d’enlever ces tensions… », indique-t-elle à ses élèves de Tle ASSP (Accompagnement, soins et services à la personne).

« Je vois vraiment la différence : après ces temps, les élèves sont plus disposés à suivre le cours », constate l’enseignante, qui a demandé à avoir toujours la même salle, dont les murs sont tapissés de posters colorés créant une ambiance chaleureuse. On y trouve par ailleurs en libre-service des coussins d’équilibre pour un meilleur confort sur la chaise, un ballon de gym et du matériel de bricolage. « Je souhaite que les élèves se sentent accueillis comme s’ils venaient chez moi », précise Céline Doucet. Le projet du groupe scolaire n’en est qu’à ses débuts mais il a déjà donné des fruits inattendus, comme l’initiative « 1 000 arbres » en partenariat avec l’ONF (Office national des forêts). En décembre dernier, tous les élèves de l’établissement, en binômes constitués d’un « petit » et d’un « grand », ont planté chacun un sapin dans la forêt de Verdun, lieu de mémoire. Hervé Renaudier, chef d’établissement du 1er degré, a été témoin d’une belle expérience de fraternité entre les générations : « Ce nouveau projet d’établissement inspiré par Laudato si’ nous fait entrer dans une démarche où s’occuper de soi permet d’entrer en relation avec l’autre et avec la planète pour en prendre soin. »