Le Finistère a testé « No Blame »
DDEC du Finistère (29)
Patrick Lamour, directeur diocésain
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Pour lutter contre le harcèlement, la direction diocésaine du Finistère forme ses équipes à la méthode « No Blame », qui privilégie la médiation. Retour d’expérience au collège Sainte-Ursule, à Saint-Pol-de-Léon (29).
Il y a un an, Marie-Hélène Royer, la directrice du collège Sainte-Ursule, à Saint-Pol-de-Léon (29), décide d’essayer la méthode « No Blame » pour lutter contre le harcèlement entre élèves. « J’avais suivi une formation organisée par la direction diocésaine. Cette approche alternative à la sanction, trop souvent pratiquée et qui ne marche pas, m’avait intéressée », explique-t-elle. « No Blame » repose en effet sur la médiation. Concrètement, après avoir écouté un élève se plaignant de harcèlement, le chef d’établissement (ou un éducateur de la vie scolaire) lui demande de désigner huit personnes : deux qui lui sont hostiles, deux qui lui sont favorables, deux neutres et deux qui ne sont pas forcément dans sa classe mais qui le connaissent, par exemple parce qu’elles ont joué avec lui dans la cour de récréation.
Le groupe se réunit ensuite en présence de deux adultes qui vont animer les échanges, tout en garantissant le secret des propos tenus. « Les psychologues ne sont pas associés, car l’idée n’est pas de se focaliser sur les harceleurs mais de créer une dynamique au sein du groupe. Nous expliquons qu’untel va mal et demandons si les élèves qui sont autour de la table ont remarqué quelque chose de particulier », poursuit Maryline Abéguilé, chargée de mission pour le 2d degré à la direction diocésaine du Finistère, à l’origine de cette initiative. Aux termes de la rencontre, chaque élève repart avec une feuille de route co-construite qui mentionne les engagements pris vis-à-vis de son camarade : lui dire bonjour, jouer avec lui, l’aider… Un rendez-vous est ensuite pris individuellement, avec chacun des élèves présents et la victime, pour faire le point quinze jours plus tard.
Éviter l’effet tribunal
Selon la chargée de mission, cette méthode permet souvent de stopper le phénomène. «À condition d’intervenir dès les premiers signes, et avant que la situation ne soit trop détériorée », pointe-t-elle. « La maturité des élèves est aussi, contrairement à ce qu’on croyait au départ, un facteur de succès, ajoute Marie-Hélène Royer. Dans les cinq cas que nous avons traités l’année dernière, ceux concernant des élèves de 3e ont été résolus avec la méthode ‘‘No Blame’’. Les résultats ont été plus mitigés en 5e et négatifs pour un cas signalé en 6e car l’élève n’était pas réellement harcelée mais juste un peu bousculée. » Les adultes jouent aussi un rôle majeur. « Il faut faire attention aux mots utilisés : on ne doit pas juger les élèves mais les conduire à prendre conscience de la situation par eux-mêmes », rappelle la directrice, qui met aussi l’accent sur la nécessité d’organiser la réunion du petit groupe dans des lieux aussi neutres que possible – en clair pas le bureau du directeur ou du CPE – pour éviter l’effet tribunal. « Il faut que chacun se sente grandi et puisse se reconstruire à l’issue de la démarche », conclut Maryline Abéguilé.