Des écobéatitudes pour cheminer
Diocèse de Lyon
Philippe Paré, directeur diocésain
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Dès la parution de « Laudato si’ », le diocèse de Lyon s’est emparé de l’encyclique en demandant à tous ses acteurs de creuser la notion d’écologie humaine intégrale. Cette mobilisation en plusieurs étapes a su valoriser ce qui se vivait déjà dans les établissements. Avec un point d’orgue : la publication de douze écobéatitudes.
À Lyon, la parution de l’encyclique Laudato si’, en mai 2015, a tout de suite mobilisé la commission anthropologie du Codiec (Comité diocésain de l’enseignement catholique). « L’appel prophétique de ce texte rejoignait tellement d’attentes ! On a voulu en profiter pour aborder le sujet de la question uniquement environnementale et amener les établissements à franchir un cap dans leur réflexion sur ce qu’est l’écologie humaine intégrale et à vivre concrètement cette conversion au quotidien », explique Charles Loriquet, adjoint au directeur diocésain et pilote de la dynamique. Après avoir relayé ce cri du pape à agir pour la sauvegarde de « la maison commune », la démarche diocésaine a pris corps en plusieurs étapes, avec pour ambition de « partir des acteurs du terrain ». La première a été le lancement d’une année d’Assises « Laudato si’ », le 4 octobre 2017, en présence de tous les chefs d’établissement du diocèse. À l’issue de cette journée, les responsables de l’enseignement catholique ont été invités à s’emparer du texte, en insistant sur le « Tout est lié », autour de trois axes – relationnel, environnemental, culturel.
En point de mire de cette année de dialogue en établissements, une grande journée de partage et de fête s’est tenue le 3 octobre 2018. « Le terme “Assises” a été choisi pour marquer le poids et le caractère global d’un projet qui veut s’adresser à tous et pas uniquement aux acteurs pastoraux, même si la dimension spirituelle a été bien sûr mise en valeur. On ne partait pas de rien : beaucoup de projets que l’on souhaitait révéler et valoriser se vivaient déjà dans les établissements », indique Gilles de Bailliencourt, le directeur diocésain. Pour soutenir cet « éveil » des consciences, les rencontres des chefs d’établissement et des adjoints en pastorale scolaire (APS) ont été l’occasion d’apports et de partages autour de l’une des dimensions de l’encyclique, comme l’intervention de Fabien Revol, professeur de théologie de l’écologie à l’Université catholique de Lyon. Un comité de pilotage – composé de chefs d’établissement, d’enseignants, d’APS et de représentants de la direction diocésaine –, a aussi été mis en place pour élaborer un nouveau rendez-vous. Sans oublier plusieurs outils de partage mis à disposition des équipes, parmi lesquels une feuille d’informations hebdomadaire, quatre « éco-lettres », et un site internet dédié aux assises.
Une source d’eau vive
Plénière, présentations de projets vécus dans les établissements, stands associatifs, conférences, jeux, animations… Cette journée familiale du 3 octobre a réuni 2 000 acteurs des communautés éducatives au domaine Lyon-Saint-Joseph, à Sainte-Foy-lès-Lyon. L’événement aurait pu être une apothéose. Il a marqué en réalité un autre point de départ… « On ne pouvait pas en rester là, c’était contraire à l’invitation faite aux communautés à protéger et à changer ce qui doit l’être pour les générations à venir ! », poursuit Charles Loriquet. Une nouvelle étape a donc été engagée avec la promulgation ce même jour d’une feuille de route au nom évocateur des « 12 écobéatitudes », accompagnées par la suite d’un livret avec des pistes pédagogiques concrètes, élaboré par l’équipe de la direction diocésaine. « Car l’enjeu avant toute chose, c’est la joie, l’émerveillement, la gratitude ! », insiste Gilles de Bailliencourt. « L’objectif était de reprendre tous les leviers éducatifs et pédagogiques qui avaient émergé pendant ces deux années pour accompagner le déploiement de cette dynamique jusque dans la classe », précise son adjoint.
Ce livret, intitulé En chemin avec les écobéatitudes, a été diffusé à tous les enseignants et aux futurs professeurs à la fin de l’année 2019. Il a aussi pour ambition d’inspirer les projets d’établissement – plusieurs d’entre eux se sont lancés dans un travail de réécriture en ce sens –, voire la vaste démarche prospective « Vers 2030 ! », dans laquelle le diocèse de Lyon est engagé avec toute l’académie.
« Laudato si’ a une façon d’exprimer dans un langage renouvelé cette vision globale et cohérente du projet éducatif chrétien qui parle à chacun. C’est un levier fécond qui nous invite à revisiter les manières de vivre, de travailler ensemble, à inventer de nouveaux modèles au sein du système éducatif ! », considère Gilles de Bailliencourt. Une chose est sûre : dans le diocèse, il y a un avant et un après Laudato si’. De fait, aucun établissement n’a pu passer à côté, selon Charles Loriquet : « L’ampleur de la démarche que nous avons initiée à partir de Laudato si’ est inédite. C’est une source d’eau vive intérieure, à la fois personnelle, communautaire, institutionnelle qui crée beaucoup d’enthousiasme, de convergences entre 1er et 2d degrés, et qui va encore porter de nombreux fruits ! » Avec le futur Pacte éducatif mondial qui sera lancé par le pape en octobre prochain, la suite est toute trouvée.