Une Ulis mobile pour trois collèges de la Manche
Immaculée Conception à Saint-Hilaire, Harcouët (50)
Annick Leblay, référente diocésaine École inclusive
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Dans un territoire rural, trois établissements distants de moins de trente kilomètres se sont entendus pour répondre aux besoins des élèves en créant une Ulis mobile. Une enseignante spécialisée va à leur rencontre dans chacun des trois collèges plusieurs fois par semaine.
Depuis la rentrée 2024, dans la Manche, les élèves de l’Immaculée-Conception de Saint-Hilaire-du-Harcouët, du Sacré-Cœur de Mortain et de Notre-Dame de Sourdeval qui font l’objet d’une notification Ulis (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) n’ont plus besoin de quitter leur établissement et leurs copains pour bénéficier de ce dispositif. Ces trois collèges ruraux, dont les deux plus éloignés sont distants d’une trentaine de kilomètres, bénéficient en effet d’une Ulis mobile. « Comme il n’y avait que quelques jeunes ayant besoin du dispositif par collège, la création d’une Ulis dans chacun des établissements n’était pas possible. D’où la création de ce dispositif itinérant commun », explique Orlanne Bouvet, enseignante spécialisée et coordonnatrice de l’Ulis mobile. L’initiative monte en puissance progressivement. Cette année, six élèves de l’Immaculée-Conception et de Notre Dame ont pu en bénéficier, de la 6e à la 4e (aucun élève concerné en 3e). Au Sacré-Cœur, aucun élève ne faisant l’objet d’une notification Ulis, l’enseignante spécialisée est intervenue en tant que personne ressource pour observer les collégiens présentant des difficultés et apporter son appui aux enseignants. À la rentrée prochaine, au total, onze jeunes bénéficieront de son accompagnement : six à Notre-Dame, quatre à l’Immaculée-Conception, un au Sacré-Cœur. Administrativement rattaché à l’Immaculée-Conception, le poste d’Orlanne Bouvet porte sur 21 heures, réparties entre les trois structures.
L’enseignante spécialisée adapte son emploi du temps en fonction des besoins. « Cette année, les élèves de Notre Dame étant les moins autonomes, j’y suis allée tous les jours, par demie-journée. Je me rends également trois fois par semaine à l’Immaculée Conception et une demi-journée par semaine au Sacré-Cœur», détaille-t-elle. Chaque établissement met à sa disposition une salle où elle reçoit les élèves, accompagnés de leurs AESH si besoin, pour travailler les points de difficulté. « La présence des AESH concourt à faire le lien entre le travail réalisé avec moi et le travail en classe », observe Orlanne Bouvet.
Pas d’étiquette
L’enseignante constate le bénéfice de l’initiative. « Par rapport à un dispositif classique, l’Ulis mobile évite de stigmatiser les élèves : ils sont davantage dans leur classe. Cette solution rassure également les parents, inquiets à l’idée que leur enfant souffre de l’étiquette Ulis », pointe la coordonnatrice.D’ailleurs, certains de leurs camarades, en difficulté, viennent parfois avec elle pour revoir certaines notions.Quant aux élèves provenant d’Ulis classiques, ils se sont bien adaptés à ce nouveau mode de fonctionnement. « Un élève de 6e arrivant de CM2 où l’Ulis occupait une large place dans son temps scolaire était un peu déboussolé au départ. Mais finalement, il est tiré vers le haut par sa classe et vient au collège avec le sourire ! », se réjouit l’enseignante spécialisée.
« La présence de la coordonnatrice n’étant pas pleine, c’est une communauté éducative qui prend le relais, à savoir les enseignants et les AESH. Cette organisation du dispositif Ulis permet de porter collectivement les élèves notifiés. Une belle démonstration de ce que peut être l’inclusion ! », souligne Annick Leblay, chargée de mission à la DDEC de Coutances. Après cette première année de mise en place, dont l’emploi du temps était essentiellement tourné vers les élèves, Orlanne Bouvet souhaite développer davantage l’appui aux enseignants dans l’année à venir.